3069-Le préservatif plombé - France Catholique
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3069-Le préservatif plombé

En matière de lutte contre la pandémie du Sida, le scalpel est-il en passe de concurrencer le latex ? La question est sérieusement débattue par les scientifiques.
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Depuis le 28 mars 2007, la circoncision est officiellement préconisée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Onusida, comme une méthode de prévention relativement efficace pour l’homme, dans le cadre de relations sexuelles avec une femme contaminée par le VIH. Selon trois études scientifiques, le risque de transmission du virus à l’homme circoncis est en effet réduit de 60 % (dès qu’est passé le temps de cicatrisation après l’ablation chirurgicale du prépuce, période pendant laquelle le risque de contamination est évidemment très élevé). Les scientifiques qui ont suivi des milliers d’hommes pour aboutir à ces conclusions estiment en substance que la circoncision élimine une zone d’intense transfusion et de forte survie du virus. Certes, la circoncision masculine ne protège pas directement les femmes de la contamination par un partenaire masculin infecté. A terme toutefois, un moindre taux de contamination masculine diminue la contamination des femmes vivant dans la même zone géographique.
Les cartes comparées des taux de circoncision et de prévalence du sida en Afrique confirment ces études : partout où la circoncision est largement pratiquée (pour des raisons religieuses ou culturelles) le VIH est nettement moins répandu ; inversement, c’est dans les zones où la circoncision n’est que peu pratiquée que le sida fait des ravages.
Selon l’OMS, environ 30% d’hommes dans le monde, soit 665 millions d’individus, sont circoncis. Certes, la circoncision ne doit pas être considérée comme autorisant les « conduites à risque » mais la réduction du risque qu’elle provoquerait n’a rien de symbolique : on a ainsi estimé que, pour une population de 2,5 millions d’hommes d’une province sud-africaine, 35 000 nouvelles contaminations annuelles seraient évitées par ce geste chirurgical. Il doit cependant être effectué dans de bonnes conditions d’hygiène et reste inégalement admis selon les cultures. Les spécialistes de la prévention savent que la « pédagogie » de leurs préconisations joue autant que leur fiabilité théorique. A propos du préservatif, l’angélisme dogmatique de militants anti-sida a ainsi pu provoquer des drames sanitaires, à partir du moment où les porteurs de latex ou leurs partenaires se sont crus protégés à 100%.
Or justement, les participants à la quatrième conférence francophone sur le VIH, qui se tenait à Paris les 29 et 30 mars 2007, ont entendu des contributions réduisant singulièrement l’aura du « condom ». La nécessité de réfléchir à de nouveaux modes de prévention a été soulignée. Un chercheur a rappelé qu’aucune barrière mécanique, y compris le préservatif, ne protège à 100% du risque d’infection. Pour diverses raisons mal élucidées le risque de transmission résiduel du virus du VIH au cours des rapports protégés par préservatif, est évalué à environ 15%. Ce chiffre signifie qu’on a un risque d’être infecté de 15% par rapport au risque sans préservatif, qui lui même est situé entre 1 pour 1000 à 1% (1% lorsque la personne infectée est en « phase de séroconversion », qui est la phase la plus « contaminante »).
A cela s’ajoute le relatif échec de la prévention uniquement fondée sur le préservatif dans de nombreux pays en développement : le préservatif est bien accepté dans les relations sexuelles occasionnelles, ou en début de relation. Dès que celle-ci s’installe dans la durée ou s’établit dans un cadre conjugal, l’utilisation chute.
C’est pourquoi la communauté internationale ne pense plus la prévention du sida en termes monolithiques, comme il y a 10 ans, le préservatif étant alors perçu comme le « magic bullett » (solution miracle) qui allait résoudre l’expansion de l’épidémie, mais en termes d’éventail de pratiques préventives, où chacun pourra puiser les moyens adaptés à sa situation.
A côté du préservatif sont maintenant prônées au niveau international l’abstinence et la fidélité. C’est la « stratégie ABC » (en français : abstinence ou confiance totale et, si nécessaire, préservatif). La circoncision s’y ajoute désormais. Par ailleurs des essais sont en cours pour développer des prophylaxies de pré ou post exposition.
Les statistiques donnent finalement raison à ceux qui soulignent depuis longtemps les limites techniques, et pas seulement éthiques, du préservatif. Le procès en obscurantisme qu’on leur a intenté pour ce motif se retournera-t-il contre les prophètes du tout préservatif ?

Tugdual DERVILLE