3064-Le sacrement de la charité - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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3064-Le sacrement de la charité

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C’‘est sous ce titre que Benoît XVI vient d’adresser à l’ensemble de l’Eglise catholique une exhortation apostolique dans la tradition de ses prédécesseurs qui, à la suite de chaque synode des évêques, ont pris l’habitude d’en reprendre le contenu pour que tous puissent le méditer et s’en nourrir. Comment ne pas percevoir l’importance capitale du sujet largement développé par le Pape en union avec le collège apostolique, dès lors que l’eucharistie est “le sommet de la vie chrétienne” et qu’elle constitue le sacrement de l’édification même du corps eucharistique qu’est l’Eglise ? Reprenant une des formules de la première encyclique de son pontificat Deus caritas est, le Pape montre comment la dynamique de l’Incarnation du Dieu Vivant est signifiée efficacement par l’offrande du corps et du sang du Christ mort et ressuscité : “Le Dieu incarné nous attire tous à Lui. A partir de là, on comprend maintenant comment agapé est alors devenu aussi un nom de l’Eucharistie : dans cette dernière, l’agapé de Dieu vient à nous corporellement pour continuer son œuvre en nous et à travers nous.”

C’est assez dire qu’un tel enseignement concerne ce qui est le plus vital dans le christianisme, ce qui est au cœur de sa mystique vivante et que c’est l’identité la plus profonde de l’Eglise qui est en cause dans le déploiement du prolongement de l’Incarnation et de l’offrande et que cela même est à l’origine et au principe permanent d’une révolution de l’amour qui transformant chacun contribue à changer le monde lui-même. Que dire alors des misérables informations qu’ont tirées la plupart des médias de cette exhortation, la réduisant à une médiocre stratégie interne pour mettre en scène les habituels fantasmes contemporains sur le sacerdoce, les clivages internes des catholiques et le conservatisme doctrinal et disciplinaire d’un pape qui voudrait revenir sur les acquis de la période conciliaire. Tout cela n’est pas seulement inepte eu égard à la nature du message, c’est un véritable scandale pour l’esprit qui montre à quel point les passions peuvent égarer au point de perdre l’essence du christianisme au profit des calculs les plus mondains quand ils ne sont pas simplement mesquins.

Nous ne serions pas nous-mêmes si affectés par ces commentaires s’il n’en allait de la mission la plus authentique de l’Eglise dans le monde d’aujourd’hui. Il est trop évident que ce monde révèle le plus urgent besoin de se référer à une conception de la vie humaine tirée vers le haut, transformée par une conception d’un amour plus fort que les puissances de destruction et de mort. “Le pain que je donnerai, dit Jésus, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie.” (Jn 6,51). Dans cette certitude de foi s’origine le mystère du salut de l’humanité, avec toutes ses conséquences aussi bien spirituelles au plus profond des cœurs que sociales. L’agape eucharistique en répandant de proche en proche sa puissance de résurrection construit une autre civilisation.

Gérard LECLERC