3060-Fin janvier - France Catholique
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100 ans. Donner des racines au futur
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3060-Fin janvier

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22 JANVIER

C’est ma fille qui m’a annoncé brusquement ce matin la mort de l’abbé Pierre, et mon monde a vacillé. Je ne suis pas autrement que mes concitoyens, tous frappés comme le montre la réaction des médias, les longs journaux télévisés,
images d’archives retrouvées qui reconstituent le puzzle de la mémoire nationale. L’intervention de Jacques Chirac était en accord avec la sensibilité blessée du pays. De l’appel de 1954 et des origines d’Emmaüs je me souviens comme si c’était de la veille. Les livres de Boris Simon racontant cette épopée ont été parmi les tout premiers de ma bibliothèque naissante. Je m’étonne, dans tout ce que j’ai vu et entendu aujourd’hui, que personne n’ait rappelé le passage de l’Abbé à Radio-Luxembourg, la station si populaire de l’après-guerre (et de l’avant-télé) pour le jeu animé par Zappy Max. En choisissant le questionnaire actualité, le candidat avait fait un triomphe et l’animateur lui avait permis de lancer son appel qui avait touché la France entière.

Comme figure de mon enfance, l’Abbé Pierre était inattaquable et j’avais de l’indulgence pour ce qui chez un autre aurait provoqué mes foudres. Je suis convaincu que c’était “un bon prêtre” en dépit de ses fautes avouées, que c’était un homme de prière, familier de l’adoration eucharistique. Qu’il se laisse aller à un certain nombre de facilités dans l’air du temps, cela me navrait. Mais je suis persuadé que si le Père de Lubac avait été là pour lui expliquer qu’il faisait fausse route, il l’aurait entendu.

C’était un homme beaucoup plus complexe que certaines de ses attitudes ou certains de ses propos pouvaient le donner à penser. Il savait les chassés-croisés de l’Histoire. Si bien qu’il n’était pas facilement encadrable par les idéologies. Son dérapage à propos de Garaudy était regrettable, et assez triste. Il témoignait à sa façon d’une tournure d’esprit exposée à la faute, celle d’un cabochard. Il y avait parfois dans son langage une énorme
charge de violence, qui était l’envers de sa capacité d’indignation et de révolte. Sans elle, il n’aurait pas eu cette capacité à défier l’inacceptable et à rendre effectif l’impossible.


25 JANVIER

Abbé Pierre. Parmi beaucoup d’articles, souvenirs et témoignages, je distingue dans La Vie des textes de l’Abbé qui me touchent par leur qualité spirituelle. Ce qui me confirme dans ma conviction de son ancrage foncier dans le mystère chrétien. Je n’en ai jamais douté. Mais une réelle instrumentalisation du Français le plus admiré de ses compatriotes a parfois “déporté” son image dans un processus de coluchisation. Il est vrai qu’il y a une méconnaissance radicale de l’éthos chrétien ou une incapacité à le comprendre. Ainsi, Irène Frain, dans Paris-Match, raconte la vie d’Henri Grouès en des termes qui montrent son incompréhension, et plus encore, son hostilité à l’égard de l’éducation d’une famille chrétienne, à sa sensibilité, à la vocation religieuse du jeune homme, à ses années chez les Capucins. Quitte à faire des entorses sérieuses à la vérité et à ce que n’a cessé d’affirmer l’intéressé. Irène Frain donne une idée horrible de la vie religieuse dont l’abbé a toujours dit qu’elle avait été la grande chance de son existence.

Un des refrains qui reviennent ici ou là concerne les positions en décalage avec ce qu’on appelle le Vatican. Je note que là aussi la vérité n’est pas respectée et qu’on fait dire à l’Abbé ce qu’il ne pensait pas sur le célibat des prêtres – qu’il défendait, même s’il appelait à l’ordination d’hommes mariés – l’avortement, la fidélité, etc. Bien sûr je suis en désaccord avec certaines positions qu’il a énoncées de façon lapidaire, en rupture avec celles de son Eglise. Ce n’est pas que son côté franc-tireur me gênait. Simplement, je trouvais souvent ses positions mal fondées, quand elles n’étaient pas démagogiques.


26 JANVIER

Belle cérémonie à Notre-Dame. Force incomparable de l’hymne à la charité de saint Paul. Indispensable grégorien. Homélie au ton juste de Philippe Barbarin… Mais je veux confier ici l’unique instant où il m’est arrivé de saluer l’Abbé Pierre. Le temps d’un flash. C’était au cours d’un colloque sur le Père de Lubac et le bouddhisme. Il était là. Lors d’une sortie de la salle, je me suis trouvé inopinément devant lui. Il m’arrive d’être timide. Je serais passé discrètement s’il n’était venu spontanément me serrer la main avec un étonnant sourire que je n’oublierai jamais. Pourquoi ? Mystère absolu. Je ne pense pas que mon visage lui disait quoi que ce soit.

Pour une chronique, j’ai repris Aldo Naouri (Adultères, chez Odile Jacob). J’ai vraiment apprécié, car il n’est pas si courant que le regard du clinicien fasse jaillir une telle densité d’humanité, saisie à travers une très longue expérience au service des enfants et de leurs parents et à travers une profonde culture. Son opposition à tout ce qui transgresse la Loi est fondée sur son empathie et son intelligence des situations et des destins personnels.


30 JANVIER

Bien d’autres lectures ces temps-ci, dont celle de Français Cusset parti en guerre contre la décennie 80 qualifiée de cauchemar à cause de la rupture idéologique qui amène le triomphe des idées libérales au détriment de la radicalité critique de la décennie précédente. Impossible pour moi d’adhérer complètement à cette thèse, même si j’en rejoins certaines analyses. Comment renierais-je le tournant historiographique à propos de la Révolution française, qui nous a libérés des chaînes de la vulgate jacobino-bolchevique, de la dictature des années Albert Soboul, en faisant retour à toute une culture laissée presqu’à l’abandon depuis le dix-neuvième siècle. Ce tournant historiographique a accompagné un tournant dans la culture politique, tournant qui a déstabilisé le radicalisme idéologique (révolutionnaire de préférence) dont la puissance du Parti communiste et surtout la prédominance intellectuelle du marxisme manifestaient la prégnance. Le cas Jean-Paul Sartre est également caractéristique de ce phénomène qui nous
constituait en contre-modèle de la démocratie anglo-saxonne.

Je me souviens d’un essai de Tony Judt, impitoyable pour la pensée politique française et qui comportait notamment une charge contre Emmanuel Mounier. Jean-Marie Domenach m’avait montré à l’époque qu’elle était injuste, fondée sur des citations tronquées. Pierre Rosanvallon m’avait dit aussi que Judt était complètement déphasé par rapport à l’évolution du débat en France. C’est que le décrochage déploré par Cusset s’était produit et qu’Alexis de Tocqueville avait remplacé Karl Marx comme référence centrale. Je ne m’en plaindrai jamais. Même si j’ai des objections à faire au courant tocquevillien et si je pense que tout Marx n’est pas à rejeter (cf. ce que Michel Henry en a tiré). Il m’est donc impossible d’adhérer au néo-radicalisme de François Cusset en dépit de tout ce qui m’a passionné dans son essai (La décennie. Le grand cauchemar des années 1980, La Découverte).

Avec Cusset, j’ai l’impression de revenir trente ans en arrière, lorsque je m’intéressais à Michel Foucault et à divers aspects du radicalisme (gauchiste) de l’époque, tout en ayant des réserves fondamentales à son égard. En lisant Alain Badiou – qui est une de ses références – je suis pris dans le même cours balancé de l’intérêt et de l’opposition. Je me retrouve dans une contestation résolue de l’évolution sociale, économique, culturelle, qui se veut aux couleurs de la modernité libérale, mais il m’est impossible d’adhérer à un néo-gauchisme producteur de dérives intellectuelles, de déviances morales, et pour le moins incapable de fournir des réponses aux interrogations qu’il ne cesse de formuler.

Retour aussi à Pierre Legendre dont le dernier recueil (Nomenclator, sur la question dogmatique en Occident, II, Fayard) me fait replonger dans un univers où il fait bon respirer, pour se libérer de nombre de toxines contemporaines. Cela ne veut pas dire que j’adhère à tout. Ma principale pomme de discorde tenant au christianisme dont Legendre se montre l’adversaire déterminé. Pour des raisons qui, au premier abord, semblent paradoxales. Un exemple : qui, aujourd’hui, résiste de
toutes ses forces au scientisme ambiant (tenant d’une biocratie qui se croit légitimée à tout faire du corps humain) ? L’Eglise catholique, d’évidence ! Et bien, Legendre est persuadé qu’elle a fait le lit du scientisme à travers un processus qu’il décrit avec conviction ! Il procède, avec ses vastes connaissances de l’Histoire, à travers la constitution du droit romano-canonique, “creuset de la modernité politico-juridique”. Je ne sais si je puis ici seulement tenter une discussion qui requiert des compétences que je n’ai pas forcément. Mais je suis persuadé qu’elle devra être menée avec toute la lucidité nécessaire.

Quand même une citation caractéristique : “La déritualisation du corps par le romano-christianisme aboutit à une problématisation du rapport du corps à la parole, au texte, qui autonomise le corps, emportant comme effet majeur ceci : le sexe aussi sort du champ rituel pour
n’être plus en quelque sorte qu’indice de la personne soumis aux critères de l’objectivité soit médicale, soit juridique (comme on peut le voir dans les traités sur la pénitence ou le droit pénal, et dans l’immense casuistique de la théologie morale), en attendant de tomber dans l’escarcelle des nouveaux casuistes, ceux de la scienticisation généralisée. L’aveuglement des cultures, c’est cela, et nous pouvons méditer là-dessus. Le génie du christianisme, si j’ose transposer ici ironiquement le fameux thème de Châteaubriand, aura été aussi de préparer le terrain au scientisme conquérant.”

Si érudite soit une telle argumentation, elle a forcément quelque chose de boiteux. Il est singulier que Pierre Legendre ne paraisse pas s’en rendre compte. J’admets qu’il n’est pas possible d’être indifférent à l’accusation. Ne rejoint-elle pas tout ce qui a été asséné contre le juridisme romain ? En plus profond.


31 JANVIER

Je ne puis m’empêcher de ruminer mon Legendre. Et voici à peu près ce que cela donne. Tout d’abord à propos de la thèse, reprise de Pierre Geoltrain, sur le vol de l’ancêtre, ici l’héritage judaïque. Il faut faire très attention dans le maniement de ce type d’arguments, surtout lorsqu’il fait système et enferme l’Histoire dans un processus déterministe. Dans ce cas, en effet, la Shoa est incluse dans saint Paul, comme Gérard Mordillat et Jérôme Prieur la déduisaient, il y a une dizaine d’années, de saint Jean (pour une série de films documentaires traitant, sur Arte, des origines du christianisme). Ce n’est pas pour autant qu’elle est dénuée de toute pertinence. L’antijudaïsme est, hélas, un fait massif de l’héritage chrétien, et il s’agit d’en comprendre enjeux et conséquences. Mais on ne peut ignorer dans la même ligne, “la reprise” de l’Eglise depuis Vatican II, dont la portée va bien au-delà de toute interprétation manœuvrière. Car toute la théologie contemporaine a été marquée par ce tournant. Deuxièmement, le christianisme médiéval est un moment de l’Eglise, ni le premier, ni l’ultime. L’absolutiser me paraît une erreur imputable aussi bien aux chrétiens pour qui ce modèle de chrétienté constitue une sorte d’achèvement indépassable – ce qui est une grave erreur, historique et doctrinale – et aussi bien aux anti-chrétiens, pour qui elles représentent la réalisation de potentialités violentes et identitaires du monothéisme.

Resterait la discussion sur le droit romain et la captation par la papauté de l’héritage institutionnel de l’Empire. L’affaire est un peu hors de mes compétences et j’aimerais bien trouver quelqu’un capable de la démêler. Tout de même, le droit élaboré à Rome, ce n’est pas rien. Et je n’imagine pas que l’Eglise ait pu s’en priver. Quant à l’Empire, il est de l’ordre de la contingence historique avec laquelle l’Eglise se confronte nécessairement et qu’elle s’approprie dans sa logique d’intégration. Mais là aussi, on retrouve les âges de l’Histoire, et celui de la chrétienté trouve sa conclusion définitive avec la fin des Etats pontificaux… Je sais que Pierre Legendre poursuit néanmoins – jusque dans la figure de Jean-Paul II – la perpétuation d’un système dans la continuité romano-canonique. Il est certes habile à faire surgir la scène esthétique d’un pouvoir pontifical perpétué. Mais il m’est impossible de le suivre jusqu’au bout là-dessus, car il me semble étranger à des coordonnées qui ne rentrent pas dans son système d’identification.

Tout cela pour dire que je suis sensible à l’œuvre hors normes d’un penseur particulièrement génial et dont chaque intervention éclaire un pan de notre société dans ses sédimentations et sa symbolique.

3 FEVRIER

Voyage-éclair à Lille, qui demeure un peu ma métropole familiale, le lieu de bien des souvenirs, même si je n’y ai jamais habité. A chaque retour, je suis admiratif des mutations d’une ville qui, dans mon enfance, me paraissait sale, noire, du moins en ses quartiers centraux. Soyons justes, mes images de gosse étaient contrastées. Il y avait aussi le clinquant des enseignes publicitaires électriques que je contemplais, admiratif, depuis le tramway qui me faisait traverser toute l’agglomération. C’est la métamorphose de Lille qui s’impose à moi néanmoins à chacun de mes passages. Et c’est dans une zone complètement nouvelle que je me rends, celle du CHU où ma nièce et filleule, Ségolène, présente son doctorat de médecine. Architecture plutôt aérienne, grands espaces, lumière : le cadre est agréable et la salle réservée aux soutenances de thèses, bien proportionnée à son usage un peu solennel. Nous prenons de la distance par rapport à l’esprit et aux mœurs soixante-huitards auxquels répugnaient l’apparat, les costumes et le décorum. Le jury est en robe rouge (six membres), les deux lauréates sont en longue robe noire. J’ignorais qu’il y avait possibilité de s’associer à deux pour présenter une thèse de médecine. C’est le cas pour ces deux jeunes femmes qui, d’ailleurs, resteront à peu près muettes durant l’heure et demie où les médecins et les professeurs qu’elles ont choisis présenteront leurs appréciations et leurs remarques sur un travail unanimement loué. Je ne me risquerai pas à en résumer le contenu, n’ayant pas lu le texte intégral, et n’ayant qu’une idée approximative des problèmes soulevés. Il m’a semblé comprendre qu’il s’agissait d’une étude à partir de 6000 dossiers sur le traitement de personnes accidentées, accueillies en service d’urgence à l’hôpital de Seclin. Urgentistes, traumatologues et radiologues, tous représentés dans le jury, se trouvent ainsi mis en cause pour évaluation de leurs missions. J’ai retenu de la discussion que les uns et les autres avaient été assez passionnés par cette observation extérieure qui concernait leurs tâches les plus quotidiennes. Leur humilité m’a touché, dans la reconnaissance de leurs défaillances. Les médecins sont faillibles et peuvent commettre des erreurs de diagnostic. Est-ce pour autant qu’il faut se féliciter d’une judiciarisation de la médecine sans cesse convoquée au tribunal pour répondre de ses erreurs ? C’est une tendance très actuelle qui provoque ma perplexité parce que je m’interroge sur la relation possible de confiance dans un climat de suspicion permanente.

Après la courte délibération qui a abouti à donner aux lauréates la meilleure mention, les deux nouveaux médecins ont prononcé le serment d’Hyppocrate. Il paraît que dans les années 70, beaucoup s’en abstenaient à cause de la promesse explicite de défendre la vie, qui défiait la libéralisation de l’avortement. Là encore, les choses évoluent avec les
jeunes générations. Le débat qui se poursuit en Europe à ce propos (référendum au Portugal) montre pourtant que la question n’a rien perdu de son acuité.


4 FEVRIER

Avec Jean Bastaire, j’ai beaucoup de choses en commun. Et tout d’abord Péguy dont il n’est pas seulement l’éminent spécialiste, mais l’ami le plus sûr. Avec l’ami de Charles Péguy, il ne me sera jamais possible d’avoir un désaccord sérieux. Et je parle évidemment par antiphrase. Le connaissant depuis un quart de siècle – bien que je ne l’ai pas revu depuis longtemps – je le sais vivant dans ses montagnes savoyardes, non loin de la patrie d’Emmanuel Mounier (une autre de ses références) et occupé à ses travaux de littérature – il est aussi l’ami des poètes – et de réflexion. La présence spirituelle de
sa femme disparue lui est une aide constante et il ne saurait imaginer qu’elle ne soit pas là, à côté de lui, pour communier dans les mêmes pensées et convictions. Est-ce assez suggérer que c’est un beau cadeau de rencontrer un homme de cette espèce sur son chemin ?

J’ai reçu régulièrement de lui des lettres sur petit format, frappées sur une machine qui doit avoir quelques décennies d’existence. Après un long silence, en voici deux, coup sur coup, qu’il m’envoie pour me rallier à son écologisme militant. Est-il besoin de lui dire que sur le fond il a gagné d’avance. J’ai toujours été écologiste sans le savoir, aimant la nature en admirateur toujours comblé et ne supportant pas qu’elle soit défigurée. Militant dans l’âme, m’étant toujours battu pour bien des causes, il est vrai qu’on pourrait me reprocher de ne pas m’être particulièrement mobilisé pour celle-là. Peut-être ai-je toujours pensé plus ou moins que d’autres s’en chargaient et le faisaient infiniment mieux que je n’aurais pu le faire.

Par ailleurs, je crois avoir suivi, avec une certaine attention, les discussions de fond sur la philosophie de l’écologie (à propos de Luc Ferry ou du système aberrant d’un Eugen Drewermann). Il me semble qu’il y a nécessité sur le sujet d’une pensée juste qui refuse les tentations de la deep ecology en trouvant l’équilibre d’une gérance du cosmos qui implique respect et, plus encore, retour à sa dimension christologique. C’est pourquoi je ne puis que me rendre au plaidoyer de mon ami Jean Bastaire. L’anthologie des textes écologiques de Jean-Paul II, préfacée par le cardinal Barbarin, qu’il m’a envoyée, est impressionnante par sa cohérence. J’avais lu certains de ces textes, mais leur ensemble renvoie à une pensée unifiée qui est tout autre chose qu’un appui de circonstance à une cause internationale.

(à suivre)