Parmi les informations qui nous sont parvenues de Rome, ces derniers temps, il faut en distinguer une de toute première importance. On espère, en effet, qu’aux alentours de Pâques, paraîtra dans ses diverses traductions (dont la française annoncée chez l’éditeur Flammarion), un livre personnel du Pape sur Jésus. Ce livre qui avait été entrepris par le cardinal Ratzinger, Benoît XVI l’a achevé, et il s’annonce d’ores et déjà comme l’événement littéraire de cette année 2007. Un ouvrage personnel du Pape ne constitue pas un acte du magistère, il renvoie à la notion d’œuvre privée où l’auteur développe sa pensée propre, et éventuellement des conceptions originales, des points de vue particuliers, des découvertes d’un chercheur et d’un théologien libre de sa démarche qui n’engage pas l’autorité normative de l’Eglise. Emanant du successeur de Pierre un tel livre est néanmoins marqué par le prestige singulier de l’écrivain qui s’exprimant sur un tel sujet, ne saurait avoir d’autre projet que celui d’annoncer au monde Celui qui lui apporte la lumière et le salut.
De la part d’un intellectuel chrétien de la dimension de Joseph Ratzinger, on doit s’attendre forcément à un discernement qui prend en charge la totalité de la question biblique dans son enracinement le plus profond et dans sa problématisation scientifique à travers tous les remous de l’aventure exégétique moderne. A fortiori, s’il s’agit d’un théologien formé dans les universités allemandes et qui, depuis toujours, a été confronté aux origines de l’historiographie contemporaine à l’échec sans cesse renouvelé pour découvrir un Jésus de l’Histoire distinct du témoignage de foi des évangiles, aux aléas d’un démythologisation exposée aux transpositions hasardeuses et enfin à la grande réaction barthienne pour retrouver la transcendance de la Révélation et l’inouï de la Parole. De plus, Benoît XVI est trop averti des difficultés pastorales que rencontrent aujourd’hui les diverses églises dans l’annonce du Christ. L’immense crise de la culture et de la transmission, qui n’est pas l’apanage exclusif du message religieux, déstabilise tout enseignement. Le public occidental, déraciné de sa propre mémoire, est prêt à succomber aux prétentions d’un essayiste superficiel, au montage télévisuel de manipulateurs malveillants et même aux supercheries malhonnêtes d’un romancier jouant sur les ressorts de l’ignorance, de la crédulité, et de la séduction la plus trouble.
C’est dire assez qu’un livre écrit par le Pape sur Jésus constitue aujourd’hui le plus magnifique des projets apostoliques et qu’il faut d’ores et déjà penser à accueillir son message pour lui donner le maximum de rayonnement au sein du plus vaste public.
Gérard LECLERC
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- LA « MODERNITÉ » : UN CENTENAIRE OUBLIÉ
- « LE TEMPS DÉPLOYÉ »
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010