Bonne et sainte année, chers lecteurs (et chères lectrices !) de France Catholique. Que 2007 soit, pour tous et toutes, le temps de la Promesse. Pardon de le dire avec quelque malice ! Une année d’élection présidentielle dans notre pays est forcément à l’enseigne de toutes les promesses possibles… N’est-on pas allé, il y a un quart de siècle, jusqu’à s’engager à nous “changer la vie”, et c’était si sérieux qu’un chantre de la vie politique évoquait sans rire, le passage des ténèbres à la lumière. Les propos sont aujourd’hui “dimensionnés”. Il arrive même que la politique se fasse modeste, au prix d’un fatalisme démobilisateur. Mais c’est vrai que l’Etat ne peut pas tout et que le simple colmatage de la “fracture sociale” pose des problèmes insurmontables. Et pourtant ! S’il n’y avait plus de Promesse possible en ce monde, il ne serait tout simplement plus vivable.
Le plus transgressif des modernes – et parfois le plus tragiquement – n’affirmait-il pas que l’homme était d’abord un être de promesse. Mais où Nietzsche avait-il appris cela ? Sans aucun doute dans le christianisme qu’il avait répudié, abondamment insulté et prétendument dépassé. Mais c’est aussi l’instinct profond et secret qui, à chaque naissance d’un tout petit, laisse pressentir une lueur d’aurore, un projet indicible, un François d’Assise possible, une Thérèse de Lisieux, en tout cas un “Mozart pas assassiné”. C’est Hannah Arendt qui insistait sur l’intime alliance de la naissance et de la promesse. Pour les chrétiens, c’est l’évidence même à cause de Noël où nous recevons l’Enfant Promesse, par définition, et qui réalisera au-delà de toute espérance possible tout ce dont l’attente d’Israël l’avait investi. Son nom même, Jésus (c’est-à-dire Dieu sauve) révèle la dimension inouïe du don qui nous est fait.
Comment se fait-il alors qu’on entende les choses les plus
étranges à propos du christianisme (ou du judéo-christianisme, mais c’est la même chose) ? C’est lui qui nous aurait enfoncés dans la névrose de la conscience malheureuse et coupable, nous enfermant dans les pièges du ressentiment contre toute affirmation de la vie. Faut-il que les chrétiens donnent eux-mêmes prise au soupçon, ainsi que Mgr Vingt-Trois, archevêque de Paris, le remarque : “J’ai le regret qu’un certain nombre de prêtres et de chrétiens peinent à trouver la joie plénière d’être chrétiens, et que leur foi ne soit pas assez pour eux une source de joie”. N’est-ce pas un paradoxe absolu, alors que la foi, justement, est fondée sur une Promesse qui change tout, bouleverse tout. Elle est en nous, au milieu de nous. Et chaque année qui commence est une année de grâce. Quelles qu’en soient les difficultés, elle nous fera connaître la joie de vivre de l’amour qui nous est donné.
Gérard LECLERC