Lors d’une conférence de presse (27 janvier), le Mouvement Français pour le Planning Familial a mis sur la place publique les « graves menaces » qui, à l’entendre, pèseraient sur un tiers de ses 70 associations départementales. L’alerte a aussitôt été relayée par les médias nationaux.
Origine du cri, une ligne du Projet de loi de financement de la sécurité sociale amputerait de 42 % la subvention annuelle que l’État réservait au Planning. Cette somme, ramenée de 2,6 à 1,5 million d’euros, n’assure pourtant qu’une faible part du budget d’une organisation qui affiche 420 salariés. L’essentiel est apporté par les subventions des collectivités territoriales, surtout des Conseil généraux dont la plupart sont gérés par la gauche.
Toute l’ambivalence d’une association ancrée dans les marges contestataires est à cette occasion soulignée : comment un organisme privé connu pour ses revendications résolument transgressives (il organise et revendique des filières d’avortement à l’étranger lorsque le délai fixé par la loi est dépassé) peut-il compter sur l’argent du contribuable pour 95 % de son budget ? Les conseillères du Planning familial semblent se considérer comme des fonctionnaires d’utilité publique, voire de droit divin, comme le laisse entendre le titre du récent film de Claire Simon qui leur rend hommage. La réalisatrice des Bureaux de Dieu était d’ailleurs présente aux côtés des vieilles pointes du féminisme à leur conférence de presse, ainsi qu’Yvette Roudy, l’ancien ministre de François Mitterrand, saluée en icône d’un militantisme fatigué. Toutes déploraient le « manque de relève des jeunes générations » s’inquiétant de constater que « de nombreux jeunes se mobilisent dans le camp provie ».
La nouvelle campagne d’affichage du Planning, qui s’étale dans le métro et le RER francilien, peut-elle pallier ce désenchantement ? Michèle Loup, vice-présidente du Conseil régional d’Ile-de-France, revendique devant les journalistes la subvention de 300 000 euros accordée par sa collectivité pour la nouvelle campagne. Mais l’élue verte laisse entendre que le thème de la publicité ne fait pas véritablement partie des prérogatives du Conseil régional et que, par ailleurs, ce dernier a déjà reçu de nombreux courriers de protestation. Et de supplier « les associations féministes » de « féliciter Jean-Paul Huchon ». Le Conseil Régional devra-t-il rendre des comptes de l’utilisation de cet argent public devant la Justice administrative ?
Pour dénoncer la baisse des crédits accordés par l’État, le Planning familial a lancé une pétition pour « défendre le droit à l’information, à l’éducation à la sexualité pour tous ». Cette démarche a aussitôt été soutenue par le parti des radicaux de gauche, le parti socialiste et Ségolène Royal… De son côté Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, a demandé à son président la création d’une « mission d’information sur les conséquences de la baisse des moyens budgétaires sur l’exercice des missions du Planning familial ». Jusqu’à quand l’effet de manche victimaire intimidera-t-il les pouvoirs publics ? À entendre les personnalités qui volent à son secours, le Planning monopolise l’aide aux femmes… Mais les centres de planification familiale, qui assurent plus discrètement la grande majorité des permanences d’accueil des femmes en difficulté, se disent de plus en plus agacés d’être amalgamés au Planning familial. Ils n’en partagent ni l’idéologie du « tout-avortement », ni les slogans éculés comme celui qui invoque un indéfinissable « droit à la sexualité »
Pour prendre les médias à témoin de son manque de moyens, le Planning de Marseille a voulu tenir, début janvier, ses permanences dans la neige. Les explications de Lisa Tichané, sa directrice, ont été relayées par l’Agence France presse : « Les autres crédits ne peuvent être utilisés pour les permanences, car ils sont affectés à des actions spécifiques comme les interventions dans les collèges. Or, les permanences sont essentielles, car ce sont des lieux d’écoute qui nourrissent toutes nos activités. C’est parce que nous écoutons cette parole sur la vie intime et affective des couples et des femmes que nous sommes pertinents lors de nos activités extérieures. » On peut aussi comprendre que, pour sa mission d’endoctrinement, l’écoute du Planning est un précieux alibi.
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