3039-Benoît XVI et l'islam - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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3039-Benoît XVI et l’islam

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La mise au point que Benoît XVI a apportée, lors de l’Angélus de dimanche, aurait dû, normalement, mettre fin aux interprétations, péjoratives pour les musulmans, de sa conférence à l’université de Ratisbonne. A moins de le suspecter de mauvaise foi – ce qui relève du procès d’intention – il n’est plus possible de l’accuser d’assimiler purement et simplement l’Islam et la violence. La citation d’un texte du Moyen Age, qu’il a faite pour illustrer son propos, ne correspond nullement à sa propre pensée. Prétendre le contraire désormais relève de la diffamation. On pouvait peut-être admettre qu’en regard d’un morceau de cette conférence, hors contexte, certains ont pu se sentir accusés ou blessés. Ce n’est plus possible aujourd’hui. Il convient d’ailleurs de remercier le journal Le Monde d’avoir publié la quasi totalité du discours, permettant ainsi à ses lecteurs de prendre connaissance de la pensée du Pape dans toute son ampleur et ses nuances.

Certains commentateurs ont cru bon, de leur hauteur, de faire la leçon à Benoît XVI en prétendant lui apprendre son métier de pape. Le métier de théologien, ont-ils affirmé, n’est pas celui de chef de l’Eglise qui doit tenir compte de l’opinion publique et des effets inattendus, parfois pervers, de paroles justes en elles-mêmes, mais susceptibles, de par leur trop grande subtilité, de provoquer des malentendus et jusqu’à une crise internationale ! A ce compte, le Pape serait condamné au silence dès lors qu’il faudrait aborder des questions graves qui divisent le monde. Sans doute, doit-on tenir compte de ce qu’on appelle couramment les problèmes de
communication, celle-ci ayant ses lois et nécessitant des efforts de clarification. Faudrait-il pour autant que le Pape renonce à une conférence du style de celle de Ratisbonne, destinée à des universitaires capables de suivre une pensée particulièrement riche, et dont le développement exigeait une démonstration historique complexe ? Autant renoncer alors à l’exercice de la pensée ! Ce ne serait digne ni de sa fonction pontificale, ni même de l’opinion publique qui a le droit strict à l’expression d’une culture qui appartient à son patrimoine et donne un sens à notre histoire commune.

Ajoutons qu’il y a, en ce qui concerne les médias, un problème de déontologie. Il était flagrant que beaucoup de commentateurs se prononçaient dans l’ignorance à peu près totale du contenu de la pensée de Benoît XVI et que la présentation qui en était proposée, en raccourci, constituait un contre-sens. C’est l’occasion d’un sérieux examen du peu de fiabilité de l’information religieuse dans nos pays. Car, enfin, pour qui avait réellement lu le Pape, il était évident que les avertissements à respecter l’alternance fondatrice de la foi et de la raison concernaient beaucoup plus les chrétiens que les musulmans et que Benoît XVI montrait comment il y avait eu péril, au Moyen Age déjà, de séparer théologie et sagesse et que cette tentation demeurait récurrente lorsque les théologiens voulaient isoler le message biblique de toute problématique philosophique. Mais cela, qui l’a compris et l’a répercuté ? Les chrétiens ne sont pas indemnes de ce qu’on reproche aux musulmans extrémistes. Voilà ce que Benoît XVI a réellement dit.

Gérard LECLERC