Le brusque embrasement du Proche Orient relève d’une fatalité dont les malheureuses populations de la région sont souvent les témoins impuissants et les victimes innocentes. La façon dont les événements semblent se répéter plaide pour le seul rapport de forces avec, pour Israël, l’obscur espoir et le pari hasardeux que sa supériorité militaire et le soutien américain inconditionnel garantiront sa sauvegarde, faute qu’aucun compromis négocié ne soit crédible.
Le gouvernement d’Ehud Olmert, dans la logique du général Sharon, n’a consenti de concessions à l’adversaire que dans le cadre d’une méfiance armée qui étouffait de facto toute possibilité d’élargissement d’une négociation. N’accordant que peu de crédit à l’Autorité palestinienne antérieure, comment aurait-il pu accepter la prise de pouvoir démocratique de la faction la plus irréductible même lorsque celle-ci était sur le point de reconnaître l’impasse de son extrémisme ?
Tant que la mouvance palestinienne n’aura pas à sa tête l’équivalent d’une personnalité comme Anouar el Sadate, rien de décisif ne se produira capable de changer radicalement la donne.
Dans ces conditions, Israël fait prévaloir sa supériorité militaire, sans que les grandes puissances sachent modérer ses ambitions. La France a beau déclarer excessives les représailles sur le Liban, personne n’est en mesure d’arrêter le pilonnage de Beyrouth et une éventuelle opération d’envergure dans l’ensemble du pays. Chacun évacue ses ressortissants, laissant le soin à l’armée israélienne de faire la preuve de sa maîtrise absolue en anéantissant les bases et l’arsenal du Hezbollah. Est-ce vraiment raisonnable ? C’est le Liban qui paie le prix du « fracas des armes et du sang versé ». C’est sa population civile qui se trouve injustement frappée, ainsi que ses infrastructures économiques, qui sont anéanties, après quinze années d’efforts pour renaître des ruines de la guerre civile. Un tel engrenage n’est pas acceptable. La population, notamment chrétienne, ne peut être prise à nouveau en otage, sans compter que la seule supériorité militaire est impuissante à rétablir la paix durablement, dès lors que renaissent sans cesse les rébellions et que les haines entretenues suscitent guérillas et terrorisme. Les Américains l’ont appris à leur détriment en Irak.
Benoît XVI a mis son autorité morale dans la balance pour arrêter ce processus inacceptable. Il importe au plus tôt que les Etats-Unis et l’Europe, avec l’aide éventuelle de toutes les autres puissances résolues à la paix*, imposent un compromis. La suspension des représailles, l’échange des otages et des prisonniers, la sécurisation des populations sont les préalables à la reprise de pourparlers entre Israéliens et Palestiniens. C’est la seule issue pour déboucher, dans l’horizon le moins incertain, sur la coopération de deux Etats partenaires pour un avenir commun.
Gérard LECLERC
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- SYRIE : ENTRE CONFLITS ARMES ET DIALOGUE INTERNE
- Sur le général de Castelnau et le Nord Aveyron.
- Liste des ouvriers pastoraux, Evêques, Prêtres, Religieux, Religieuses et Laics tués en 2011 et 2010
- Édouard de Castelnau