3027-L'étape d'Auschwitz - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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3027-L’étape d’Auschwitz

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Le pèlerinage polonais de Benoît XVI a été scandé par des étapes dont chacune a marqué l’esprit de ceux qui s’y sont associés. Nous ne pouvons les récapituler ici. Un profil général suffira à une évocation de fond. La messe célébrée sur l’ancienne place de la Victoire à Varsovie rappelait l’extraordinaire souvenir de la première visite de Jean-Paul II dans sa patrie. Car c’est là que celui-ci prononça les paroles libératrices qui mirent la Pologne en état d’insurrection spirituelle. Un mouvement était lancé qui ne trouva sa conclusion que, dix années plus tard, avec la chute du mur de Berlin. Ce n’était pas en orateur politique que le pape polonais avait procédé, mais en prédicateur de l’Évangile, martelant de toute sa conviction qu’il n’était pas possible d’oublier que le Christ avait façonné l’âme de ce pays et qu’on ne pourrait jamais l’exclure de l’histoire.

L’étape de Jasna Gora s’imposait donc en 2006, comme en 1979, parce que c’est là que continue à battre le cœur mystique de la Pologne. Toutes les renaissances du pays ont puisé au pied de la Reine de Pologne leur inspiration. Comment ne pas penser que le défi présent de la foi aux prises avec une civilisation en totale recomposition trouvera encore ici le milieu d’intercession et de renouvellement nécessaire ? Wadowice, le village natal de Jean-Paul II suscite une pensée du même ordre. Rappelant un mot de Goethe selon lequel, pour connaître les poètes, il faut visiter leurs lieux d’enfance, Benoît XVI a implicitement fait appel à l’étonnante faculté du christianisme de susciter, de siècle en siècle, des hommes dont le génie s’appelle la sainteté. En priant pour une prochaine canonisation de son prédécesseur, le Pape n’a nullement voulu forcer les délais de la procédure en cours. Il a exprimé son intime conviction et redit, une fois de plus, que l’exemple de Jean-Paul II éclaircit désormais l’avenir de l’Eglise, comme celui d’un prophète, d’un confesseur, d’un saint.

Les foules de Cracovie ont montré combien le catholicisme polonais demeurait jeune, conquérant, que son clergé et ses ordres religieux étaient proches des générations nées depuis l’avènement du pape polonais. Un quart des séminaristes européens sont formés dans cet unique pays. C’est dire la responsabilité de ce jeune clergé. Dans la cathédrale de Varsovie, Benoît XVI lui a adressé un vibrant appel pour qu’il soit digne de sa mission et n’hésite pas à venir à l’aide des autres Églises. Certes, cette vitalité ne doit pas cacher les redressements qui s’imposent face à des dérapages idéologico-politiques. Le Pape n’a pas hésité à les désigner alors que, par ailleurs, les débats internes qui se développent sur le rôle de l’Église dans la société ne constituent pas forcément un handicap. Face aux évolutions actuelles, des désaccords peuvent s’exprimer et justifier des arbitrages judicieux.

L’ultime étape à laquelle Benoît XVI ne voulait pas plus se dérober que son prédécesseur, était, d’évidence, la plus dramatique. Auschwitz est le lieu où l’humanité a connu l’épreuve la plus redoutable. Là s’est déroulé, selon l’expression du cardinal Lustiger, “un des drames les plus obscurs d’un siècle de fer et de sang”. Benoît XVI a fait entendre, en langue allemande, une parole qu’il a dû longuement méditer. Il serait vain de n’en retenir qu’une expression isolée – à propos de l’appréciation de la responsabilité collective des Allemands – pour rouvrir une polémique historique. L’essentiel tient plutôt dans la question du silence de Dieu au sein de l’holocauste : «Nous devons répéter avec humilité mais insistance Oui mon Dieu : réveille-toi ! N’oublie pas ta création, l’homme. Et notre cri vers Dieu doit être en même temps un cri qui pénètre notre cœur afin que s’éveille en nous la présence cachée de Dieu. » Longtemps nous devrons nous interroger sur cette “raison de l’amour” qui réside dans le cœur de Dieu.

Gérard LECLERC