3024-Une Eglise post-européenne - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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3024-Une Eglise post-européenne

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Bernard Lecomte pose la question dans son récent ouvrage sur Benoît XVI : le pape allemand sera-t-il le dernier pape européen ? Ses arguments pour fonder une telle interrogation sont imparables : “Quand le jeune Joseph Ratzinger est entré au séminaire, dans les années 1930, l’Europe fournissait des prêtres au monde entier. Aujourd’hui, si la Pologne et l’Italie forment un nombre de prêtres honorable, les nouveaux prêtres se recrutent majoritairement au Brésil, au Mexique, en Inde, aux Philippines, au Nigeria et en Colombie”. (1) L’Europe même reçoit de plus en plus de prêtres et de religieux venus de l’hémisphère sud pour compenser son déficit de vocations. Il est d’ailleurs notoire que ces nouveaux pasteurs s’adaptent admirablement à leurs paroisses d’élection. Par ailleurs, la démographie parle d’elle-même avec la montée en puissance des Eglises non-européennes et la vitalité du christianisme dans une Asie qui était pourtant réputée imperméable à l’évangélisation.

Les dernières nouvelles venues de Chine indiquent que pour les autorités de Pékin la perspective d’un accord avec le Saint-Siège se précise de plus en plus. L’obstacle idéologique s’affaiblit au fur et à mesure que le communisme perd son contenu et que les chrétiens sont considérés comme des citoyens particulièrement responsables. Le quotidien Libération (8 mai 2006) publie ainsi un reportage où il apparaît que dans certaines régions une véritable communauté d’intérêt se crée entre le pouvoir et les catholiques. Tel village de population chrétienne est le plus prospère des environs : “Les gens de Dong Lü font pratiquement tout ce qu’ils veulent. Ils suivent les édits du Pape qui refusent la contraception et les autorités les ont même exemptés de la politique de l’enfant unique”. Sans doute, de telles concessions ont-elles pour contrepartie le refus d’accepter que l’Eglise intervienne en dehors de la sphère strictement religieuse. L’évolution des mentalités n’en apparaît pas moins considérable et nul ne serait étonné de l’annonce prochaine d’un voyage de Benoît XVI en Chine. Les récents soubresauts provoqués par la consécration de deux évêques de l’Eglise patriotique, sans accord de Rome, pourraient même être interprétés comme les derniers signes d’une résistance qui ne serait que le prélude à un accord global.

Il est présomptueux de prévoir ce que sera l’Eglise catholique du vingt-et-unième siècle, de moins en moins européenne. Le patrimoine intellectuel, spirituel et théologique, qui provient des vieilles terres de chrétienté, sera-t-il profondément modifié ? Et s’il était simplement enrichi, avec l’apport des nouvelles Eglises qui apparaissent en même temps très attachées à la tradition qui leur a été transmise par les Européens ? Dans un monde en pleine évolution, il est nécessaire que l’Eglise s’adapte, comme elle l’a toujours fait face aux sollicitations de l’Histoire. Mais il est infiniment probable que le changement surprendra les idéologues d’une modernité idéologique insensible aux promesses de demain.

Gérard LECLERC