Reprenant la tradition de ses prédécesseurs, inaugurée par Paul VI en 1967, Benoît XVI a adressé, à l’occasion du 1er janvier, un message au monde, afin de défendre la cause de la paix. On sait que cette cause lui est chère, puisque le nom qu’il s’est choisi s’y rapporte explicitement. Il le rappelle d’ailleurs dans ce message, invoquant le patronage de saint benoît, inspirateur d’une civilisation pacifique pour le continent européen, et celui de son prédécesseur Benoît XV, “qui condamna la première guerre mondiale comme un massacre inutile et qui a mis tout en œuvre pour que les raisons supérieures de la paix soient reconnues par tous”.
Benoît XVI a choisi de développer cette année le thème de la relation directe qui existe entre la vérité et la paix. Là non plus, on ne peut être surpris quand on sait quel prix a toujours accordé Joseph Ratzinger à cette notion de vérité, en réaction à une philosophie relativiste assez largement en cours dans les milieux intellectuels. N’est-ce pas, à en croire beaucoup, un attachement par trop exclusif à la vérité conçue comme un absolu qui déclencherait des folies meurtrières entre des camps farouchement attachés à des positions non négociables ? Précisément, Benoît XVI montre combien cette conception philosophique s’avère superficielle et comment le relativisme apparaît le répondant du fondamentalisme dans une dialectique qui détruit les exigences propres à la vérité.
Celle-ci a pour caractéristique de respecter la liberté profonde des personnes. Vouloir l’imposer par la force constitue un non-sens radical qui démontre à lui seul combien on méconnaît sa nature intime. Nihilistes et fondamentalistes sont solidaires dans la méconnaissance de cette exigence constitutive sans laquelle la notion de vrai se dissout. “Tout en ayant des origines différentes et tout en étant des manifestations qui s’inscrivent dans des contextes culturels divers, le nihilisme et le fondamentalisme ont en commun un dangereux mépris pour l’homme et pour sa vie, et, en dernière analyse, pour Dieu lui-même. En effet, à la base de cette tragique issue commune, il y a en définitive l’altération de la pleine vérité de Dieu : le nihilisme en nie l’existence et la présence providentielle dans l’Histoire ; le fondamentalisme fanatique en défigure le visage aimant et miséricordieux, Lui substituant des idoles faites à son image.”
Benoît XVI exerce pleinement son magistère spirituel, lorsque, tout en encourageant la bonne volonté des personnes et des organismes attachés à dénouer les conflits, il invite à découvrir dans le cœur humain les racines de la violence, du ressentiment et de la haine. Le rôle du mépris de la vérité ne s’y manifeste-t-il pas, à l’initiative du père du mensonge qui ne cesse de créer la discorde, la rivalité et la vengeance ? Refaire la vérité dans son cœur et avec l’autre est la première condition de la réconciliation.
Gérard LECLERC
Pour aller plus loin :
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- La France et le cœur de Jésus et Marie
- MESSAGE POUR LA JOURNEE MONDIALE DE LA PAIX
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918