morale contre morale
Christian Vanneste est poursuivi en justice par Act Up-Paris, SOS Homophobie et le Syndicat national des entreprises gay (Sneg) sur la base de la loi du 30 décembre 2004 censée protéger les personnes homosexuelles en limitant la liberté d’expression à leur sujet.
Cette première tentative de mise en œuvre de la loi anti-homophobie est d’autant plus attendue qu’elle concerne un homme public, qui bénéficie a priori de la protection la plus forte en matière de droit de parole. D’ailleurs, ce ne sont pas des propos tenus dans l’hémicycle (leur auteur y bénéficie de l’immunité parlementaire) qui lui ont valu une « citation directe » des plaignants mais ceux qu’il a réitérés dans les colonnes de deux journaux locaux : « L’homosexualité est une menace pour l’humanité » ; « Je n’ai pas dit que l’homosexualité était dangereuse, j’ai dit qu’elle était inférieure à l’hétérosexualité. Si on la poussait à l’universel, ce serait dangereux pour l’humanité. »
Christian Vanneste, est passible de six mois de prison et 22.500 euros d’amende. Dans son réquisitoire Le procureur de la République a demandé que la loi soit appliquée, sans toutefois suggérer une peine. Est-il embarrassé par un précédent qui peut entraîner la censure assez loin ? La loi anti-homophobie avait été combattue par les syndicats de la presse qui contestent toute police de la pensée.
Paradoxe de cette évolution du droit, le fait-divers atroce qui est à son origine est suspecté désormais d’être une supercherie (cf. L’Express du 23 mai 2005). La « victime », Sébastien Nouchet, aurait pu s’immoler par le feu en une nième tentative de suicide. Mais toute la classe politique s’était déjà laissée emporter par l’émotion quand on a découvert le passé chaotique du jeune homme…
Bête noire du
lobby homosexuel
Entre-temps, Christian Vanneste est devenu la bête noire du lobby homosexuel. Le professeur de philosophie conteste à l’audience l’introduction du délit d’homophobie. Ses adversaires voient-ils en lui l’occasion de manifester, par une peine exemplaire, leur conquête de la morale ? Car c’est bien une leçon de morale qu’ils ont entrepris de lui faire à l’image de Me Caroline Mécary pour SOS-Homophobie semonçant l’accusé : « Vous êtes un élu, un professeur, vous connaissez parfaitement le poids des mots. Il convient que les citoyens de notre Etat de droit sachent qu’on ne peut pas dire n’importe quoi. » Me Jean-Bernard Geoffroy, conseil du Sneg renchérit : « Une fois que la loi est votée, vous devez, au nom de l’exemple donné à tous les citoyens, la respecter, même si vous l’avez combattue », avant d’enfoncer le clou « Tel est l’honneur d’un député : il s’incline devant le vote majoritaire. »
Pourtant tout citoyen, a fortiori un législateur, n’a-t-il pas le droit – et même le devoir – de contester une loi qu’il estime contraire à la justice ? Les associations qui accusent le député ne sont-elles pas habituées aux coups de force à l’illégalité revendiquée, quoique leurs auteurs prennent soin de se protéger contre tout procès par leur anonymat ?
Un piège dialectique
La récente irruption d’Act up à Notre Dame de Paris a ainsi fait l’objet d’un classement sans suite en raison de l’absence de coupable identifiable… Le choix d’un sanctuaire comme théâtre de provocation est significatif : l’ultime quête du lobby homosexuel vise la validation morale – et même religieuse – des pratiques homosexuelles. Son mot « homophobie » dissimule un piège dialectique en amalgamant des réalités aussi différentes que, d’une part, la haine injurieuse et la discrimination injuste et, d’autre part, le refus d’un « droit à l’enfant » et, ultimement, le jugement moral sur certaines pratiques sexuelles.
C’est donc logiquement sur cette même question de la morale que se place Christian Vanneste qui prend soin de préciser que l’infériorité dont il avait parlé doit, bien évidemment, s’entendre « sur un plan moral » et s’appliquer aux comportements, non pas aux personnes. L’explication ne peut satisfaire ses adversaires qui exigent qu’aucune évaluation ne soit plus portée sur l’homosexualité. En devenant obsessionnel, leur refus de la critique prend un tour pathétique. Serait-ce que l’homosexualité est si difficile à assumer ? Est-ce pour autant rendre service aux personnes qui connaissent cette orientation que de les y conforter par une dictature de la pensée en leur faisant croire à la « valeur de l’homosexualité » et que le mariage homosexuel assorti d’enfants est un droit ?
En tout cas, pour les avocats de Christian Vanneste, la loi de 2004 contredit la Convention européenne des droits de l’homme, en son article 10 sur la liberté d’expression. Jugement le 24 janvier 2006.
Tugdual DERVILLE
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