3000-Retour sur une explosion - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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3000-Retour sur une explosion

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L‘explosion qui a enflammé “les quartiers” durant trois semaines ne sera évidemment pas sans lendemain. Tous les responsables, quels qu’ils soient, en sont bien conscients, qui tentent de définir une politique durable, pour mettre fin à un système d’exclusion et intégrer ces populations qui “campent en dehors de la cité”. Nous avons déjà dit qu’un phénomène aussi complexe ne pouvait être ramené à des solutions simplistes ou unilatérales. Les questions se bousculent, se coagulent de telle façon qu’aucune ne saurait être isolée et traitée indépendamment des autres. Il est certain par exemple que l’immigration incontrôlée produit des effets non maîtrisables, dès lors qu’elle n’est plus entraînée par un appel à l’emploi d’une main d’œuvre à bon marché, mais qu’elle résulte simplement d’une fuite de populations ne supportant plus les conditions de vie du tiers-monde.

En second lieu, la situation de chômage endémique contribue à créer des zones économiquement en déshérence. Comment relancer l’activité, alors que c’est le pays tout entier qui se trouve soumis à une
mutation considérable où les services prennent le relai de l’industrie et où la logique financière se substitue à toute velléité prévisionnelle ? On insiste, par ailleurs, à tort ou à raison, sur le rôle de l’enseignement et de la formation qui requièrent des moyens budgétaires énormes. Mais les constats sont pessimistes. L’école serait incapable de remplir sa mission et c’est notre système éducatif qui, lui-même en crise, se trouve submergé par des problèmes de discipline et même de violence.

Une autre dimension émerge aussi de plus en plus des analyses actuelles. Elle est d’ordre anthropologique et concerne l’éclatement des cellules familiales. Ainsi la structure patriarcale des sociétés africaines se trouvant désintégrée dans le contexte d’une société individualiste, toute autorité paternelle disparaît. La persistance de la polygamie, avec ses effets catastrophiques, ne constitue qu’un aspect partiel d’une réalité qui concerne la fragilisation extrême des rôles familiaux. L’omniprésence dans les quartiers des “familles monoparentales” qui désignent en fait des familles sans pères, où la mère assume seule l’éducation des enfants, est le facteur de déstabilisation sans doute le plus grave.

De ce point de vue, la tendance générale à ne plus reconnaître que les desiderata de l’individu contribue à un brouillage généralisé des repères, et est un facteur de violence ultime. Ainsi que l’écrit Tony Anatrella au Figaro : “le comportement de nombreux jeunes est le symptôme de la confusion du lien familial, d’un mépris du sens des lois et des références culturelles de la société, d’un désarroi délétère qu’on a laissé s’installer.” (21 novembre). On ne peut que saluer, dans ce contexte, la résistance de l’épiscopat français pour sauver l’intégrité des liens familiaux.

Gérard LECLERC