Pour la première fois en France, à Lyon, la communauté Sant’Egidio organise, du 11 au 13 septembre, sa rencontre internationale intitulée “Hommes et religions”. Il convient de se réjouir de cet événement qui devrait permettre une meilleure connaissance dans notre pays de l’œuvre réalisée par Andrea Riccardi et ses amis, depuis leurs années lycéennes autour de 1968. Alors que le climat était à une universelle remise en cause, une équipe de jeunes chrétiens décide de vivre l’Evangile en esprit et en vérité. L’éclairage de Vatican II, tout proche alors, leur offre les moyens d’une conversion spirituelle et d’un nouvel ancrage dans les réalités sociales. Le service des pauvres constitue leur premier objectif, tandis que l’enracinement dans la prière leur permet de garder vivante leur foi sans jamais perdre le pôle magnétique de la grande tradition de l’Eglise.
Jean-Paul II, dès son élection, reconnaîtra le charisme de Sant’Egidio. Il confiera notamment la belle basilique de Santa Maria du Transtevere à la communauté romaine qui s’y retrouvera chaque soir pour un office et la méditation de l’Ecriture. Mais la connivence entre le pape polonais et Sant’Egidio apparaîtra mondialement, après la première rencontre interreligieuse d’Assise en 1986. Cette initiative complètement inédite, audacieuse, et qui sera parfois incomprise, a trouvé chez Andrea Riccardi et ses amis un écho profond et le désir d’en prolonger l’action. Depuis lors, presque chaque année, Sant’Egidio organise dans une grande ville – cette année donc à Lyon – un rassemblement interreligieux dans l’esprit d’Assise. Il s’agit essentiellement de promouvoir la paix internationale grâce à la fraternité nouée entre toutes les familles religieuses de la planète.
Est-il besoin de souligner que, dans le contexte du terrorisme qui frappe non seulement les capitales européennes – Madrid ou Londres – mais tous les continents, la rencontre de Lyon intervient à contre-courant de bien des préjugés qui courent les médias et les mentalités actuelles ? Non il n’est pas vrai que le facteur religieux suscite forcément haine et division, fanatisme et démesure meurtrière. Le souci du sens de la vie et les perspectives de l’absolu, même s’ils sont vécus avec des différences essentielles et des contrastes déroutants peuvent être facteurs de compréhension mutuelle. Certes Jean-Paul II avait fait un pari en 1986 et Sant’Egidio a pu mesurer les difficultés que suscite cette pratique nouvelle du dialogue. Mais, depuis près de vingt ans, une dynamique a été lancée et chaque rencontre apporte la preuve du puissant intérêt du dialogue interreligieux auprès des personnalités les plus représentatives des religions du monde et des responsables politiques.
C’est pourquoi nous ne pouvons qu’adhérer de toute notre conviction aux objectifs du rassemblement lyonnais qui se déroule sur le thème “le courage d’un humanisme de paix”. Avec Sant’Egidio, nous sommes persuadés que toutes les conditions sont réunies pour que le dialogue interreligieux soit mené avec la force de la vérité et la douceur de la charité.
Gérard LECLERC
Pour aller plus loin :
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