Les exigences de la charité sont sans limites. L’exemple du Christ offre aux chrétiens un modèle que nul n’est en droit de contredire. En sauvant la femme adultère de la lapidation, le Seigneur Jésus s’est interposé, pour toujours, comme protecteur contre tous les lynchages. Il nous est donc insupportable d’apprendre par les médias le sort réservé à un homosexuel dans le Nord de la France, en raison de son orientation sexuelle. Ce crime odieux – la victime lutte contre la mort après avoir été aspergée d’un liquide inflammable – ne saurait, sous aucun prétexte, se trouver minimisé dans sa gravité insoutenable. Il n’y a donc aucune équivoque pour nous à ce sujet. La loi doit réprimer avec la nécessaire sévérité cette atteinte caractérisée à la sécurité et à l’intégrité physique et morale des personnes. Il n’est pas admissible non plus
qu’une personne soit humiliée publiquement, qu’elle ait à souffrir d’injures qui la blessent moralement.
Mais cet interdit s’applique indistinctement au bénéfice de tous. Il ne justifie nul privilège particulier, comme si, par hypothèse, certaines victimes étaient plus victimes que d’autres. Si l’on s’engageait, en effet, dans une distinction des peines et des motifs en fonction des différences propres à certains groupes particuliers, on s’engagerait très dangereusement dans la logique des exclusivismes communautaristes. Nos amis américains connaissent ce genre de dérives à l’enseigne du politiquement correct requis par tous les groupes possibles, en référence à des caractéristiques raciales, ethniques, des dispositions sexuelles, des revendications identitaires…
Ce n’est pas sans inquiétude que nous assistons en France à une inflexion de nos conceptions politiques et juridiques dans un sens communautariste. Nous ne voulons pas, certes, présumer arbitraire la constitution d’une éventuelle Haute autorité contre les discriminations préconisée par Bernard Stasi dans un rapport au Premier ministre, mais nous avons de bonnes raisons de craindre une inspiration idéologique qui finirait par se retourner contre les libertés de conscience, de pensée et d’expression. L’éditorialiste du Monde a cru bon, la semaine dernière, de préconiser une loi contre l’homophobie, qui réduirait au silence un journaliste du Républicain Lorrain qui s’était pourtant exprimé avec une extrême modération.
Il y a un abîme entre l’appel à la haine et la légitime expression d’une réserve morale concernant l’homosexualité. Veut-on réduire au silence les moralistes qui défendent l’institution familiale, les prêtres qui commentent la tradition biblique, les psychanalystes fidèles à l’enseignement de Freud et de Lacan ? Nous voulons espérer que le législateur ne se laissera pas impressionner par des manœuvres qui jouent contre le respect de la conscience et la dignité de penser.
Gérard LECLERC
Pour aller plus loin :
- Quand le virtuel se rebelle contre le réel, l’irrationnel détruit l’humanité
- INTRUSION DE LA THEORIE DU GENRE A L’ECOLE ET DANS LA SOCIETE
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Affaire Ulrich KOCH contre Allemagne : la Cour franchit une nouvelle étape dans la création d’un droit individuel au suicide assisté.
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI