2917-Sur le film de Mal Gibson - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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2917-Sur le film de Mal Gibson

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Avant même qu’il soit projeté dans nos cinémas français, le film de Mel Gibson sur la Passion, provoque quelques polémiques. Faute d’avoir vu ce film, il ne nous est pas possible de formuler un jugement personnel fondé. Mais il est impossible de ne pas réagir au préalable, face à certains arguments développés qui risquent de produire une discussion mal engagée. La stature de l’acteur-cinéaste justifie sans doute, pour une part, les engagements des uns et des autres pour ou contre La Passion. Mais le sujet redoutable qui a été choisi donne à l’affaire une dimension peu commune. Evoquer de la façon la plus directe le Christ dans les moments les plus douloureux de ce qui est pour les chrétiens le mystère indicible de la Rédemption suscite de la part la plus profonde de notre sensibilité, un investissement total, celui de la foi.

Et pourtant – faut-il y insister ? – un film, si exceptionnel soit-il, n’est qu’une perception par simulacre du mystère. Il ne saurait acquérir le statut d’un cinquième évangile. La divine simplicité des récits des quatre évangélistes est bien faite, sans doute, pour provoquer l’imagination des plus grands artistes, mais elle est irremplaçable. Elle est le seul fondement de crédibilité de la foi ecclésiale. L’Eglise ne saurait accorder une reconnaissance particulière à une œuvre d’art, même si elle peut louer sa qualité et sa proximité à la foi. C’est pourquoi il y aurait quelque abus de se réclamer d’une approbation du Saint-Père à l’égard de ce film. Le Vatican a démenti des propos attribués à Jean-Paul II, qui semblaient accorder un imprimatur particulier à Mel Gibson. C’est la sagesse même.

Que dire de l’accusation d’antisémitisme qui a été proférée, aux Etats-Unis, avant même que le film soit achevé et qui est reprise en France ? Mel Gibson s’est farouchement défendu à ce propos. Divers témoignages autorisés l’ont appuyé. Rien ne serait plus désastreux qu’une controverse qui nous ferait revenir plusieurs décennies en arrière et qui démentirait la très simple affirmation de Vatican II, qui s’impose aussi bien aux chrétiens qu’aux hommes de bonne volonté : “Encore que des autorités juives, avec leurs partisans, aient poussé à la mort du Christ, ce qui a été commis durant la Passion ne peut être imputé, ni indistinctement à tous les Juifs vivant alors, ni aux Juifs de notre temps. S’il est vrai que l’Eglise est le nouveau peuple de Dieu, les Juifs ne doivent pas, pour autant être représentés comme réprouvés par Dieu ni maudits, comme si cela découlait de la Sainte Ecriture”. On jugera aussi ce film aux fruits d’adhésion à la Vérité évangélique qu’il aura provoqués.

Gérard LECLERC