Lorsque Jean-Paul II, dans son récent discours au corps diplomatique, rappelait que le principe de laïcité est contraire au laïcisme, tout le monde a compris – notamment Bernard Stasi – qu’il s’adressait aux Français. L’inquiétude du Pape quant à la détérioration d’un certain climat en France et à la radicalisation de secteurs particuliers d’opinion est partagée par l’épiscopat, témoin de pressions sectaires et de déclarations agressives à l’égard de l’Eglise. Nous avons eu une preuve déterminante, la semaine dernière, à l’émission de France 2, “100 minutes pour convaincre”, dirigée par Olivier Mazerolle. La question du foulard était encore au centre du débat, ainsi que la condition de la femme dans l’Islam. Elisabeth Badinter, intellectuelle férue des “Lumières” et militante féministe a profité de l’occasion pour lancer une virulente attaque contre le christianisme.
Toutes les religions, a-t-elle déclaré, se sont toujours coalisées contre l’émancipation de la femme et notamment contre l’allégement de son assujettissement corporel. Le pape Pie XII lui-même, se serait insurgé avec indignation contre les techniques d’accouchement sans douleur, y voyant une transgression de la malédiction biblique sur les mères. Ce mensonge éhonté fut applaudi par une partie de l’assistance. Faut-il rappeler que Pie XII, précisément défendait le principe de l’accouchement sans douleur, en expliquant qu’il n’était pas possible de le récuser au nom d’une interprétation littérale de la Genèse ?
Les chrétiens se sont toujours mobilisés pour venir au secours des malades et des personnes souffrantes, ne faisant que suivre l’enseignement et l’exemple du Christ ému de compassion par toute la misère qu’il rencontrait sur sa route. Comment ses disciples auraient-ils oublié la parabole du bon Samaritain, en se laissant aller à un dolorisme absent de l’Evangile ? D’ailleurs, si le rôle pionnier des médecins et des soignants chrétiens dans le développement des soins palliatifs est notoire, comment ne pas y voir la conséquence directe d’une attitude vraiment christique ?
Pour réparer l’outrage contre le pape Pie XII, il conviendrait de rééditer son discours en date du 8 janvier 1956 aux médecins gynécologues et obstétriciens où il aborde résolument cette question de la souffrance et de l’enfantement. Plus généralement, c’est sur l’enseignement de la tradition chrétienne sur la condition féminine qu’il faudrait revenir, pour contrer un discours malveillant qui cache l’essentiel d’un combat millénaire pour faire respecter la liberté des femmes à se marier et pour libérer les relations conjugales des fantasmes qui, aujourd’hui encore, s’opposent à leur clarification ainsi qu’à l’affirmation de la réciprocité de l’amour.
Gérard LECLERC
