Assurer nos lecteurs de nos meilleurs vœux pour cette année nouvelle, ce n’est pas seulement, pour nous, s’inscrire dans la plus méritoire des traditions. C’est aussi resserrer un peu plus les liens de cette amitié qui font d’un journal une entreprise commune. Et en ce qui nous concerne, un témoignage de foi. Ce n’est pas rien pour un hebdomadaire d’avoir assuré le relai entre quatre générations, depuis ces lendemains de la première guerre mondiale, où le général de Castelnau voulait offrir aux catholiques de ce pays les moyens de défendre leur liberté religieuse, sérieusement nuancée. Depuis lors, affrontant les épreuves les plus diverses, une part de la fraternité ecclésiale n’a cessé de s’exprimer et de vivre grâce à cet hebdomadaire, dont la seule force venait de la solidarité de son public. Il m’est arrivé plus d’une fois, lors de rencontres amicales, de m’apercevoir que parfois cette solidarité plongeait ses racines plus avant, encore. Ce sont les descendants de grandes familles, celles qui au XIXe siècle avaient assuré la difficile transmission de notre patrimoine religieux, qui s’affirment encore aujourd’hui comme les plus fermes soutiens de notre cause.
Une telle continuité dans la fidélité n’est pas seulement un sujet de fierté. C’est un signe remarquable de permanence pour une mission qui se prolonge et ne cesse de se renouveler. Sans aucun doute, il n’y a pas que les plus anciennes familles à dessiner l’avenir qui ne cesse de se redessiner. Sans cesse de nouveaux lecteurs surgissent. Nous les souhaiterions toujours plus nombreux – pour témoigner de la jeunesse du christianisme. La véritable fidélité est créatice, selon le mot de Gabriel Marcel. Nous avons, chaque semaine à discerner les nouveaux enjeux que l’actualité, le développement de la civilisation nous imposent. Le recours au grand fleuve de la Tradition a le mérite de nous plonger dans un climat d’authenticité chrétienne alors que nous nous risquons vers d’autres horizons. Dans cette perspective, il nous est précieux de ressentir la continuité d’une fraternité et l’ouverture de celle-ci à des lecteurs venus l’enrichir d’expériences diverses d’aventures inédites.
Cette année 2004 nous permettra de vivre plus encore de ce rythme alterné de la tradition et de l’ouverture, pour mieux poursuivre et comprendre la nouvelle évangélisation recommandée par les papes et les évêques depuis une trentaine d’années. La grande rencontre de Paris qui fera suite à la belle “première” vécue à Vienne autour du cardinal Schönborn, devra nous mobiliser, toutes générations confondues. France Catholique y apportera sa contribution, en sensibilisant tous ses amis. C’est pourquoi, dès maintenant, en leur adressant nos vœux les plus chaleureux, nous comptons sur eux pour recommencer, en l’amplifiant cette année, le tour de force que représente la poursuite de notre vocation commune.
Gérard LECLERC