Extraordinaire conjonction de ces jours exceptionnels : Jean-Paul II et mère Teresa. Le Pape célèbre le vingt-cinquième anniversaire de son accession au pontificat et procède à la béatification de la fondatrice des missionnaires de la Charité. Il est impossible de ne pas rechercher le lien le plus déterminant, qui explique ce rapprochement. Qu’il s’agisse des deux personnes les plus connues du monde entier, en tant que témoins du christianisme, n’est pas à dédaigner, même si on se méfie à juste titre des phénomènes médiatiques. Précisément, dans ces deux cas, l’extrême médiatisation se confronte à la personnalité d’un homme et d’une femme dont la célébrité ne saurait être ramenée à un phénomène de séduction, renforcé par la technique des conseillers en communication. Jean-Paul II et mère Teresa défient le système de la communication, défini par Lucien Sfez comme autiste et tautologique.
L’un et l’autre n’ont jamais “communiqué” pour se donner en spectacle, mais pour témoigner en faveur d’un Autre, ou pour annoncer une Parole qui se rapporte à la Révélation. Ce n’est pas l’Eglise séductrice qu’ils ont imposée, comme Régis Debray a pu parler d’un Etat séducteur qui, à force de se mettre en scène et de capter l’audimat, finit par perdre le sens de ses missions. Il est vrai qu’on peut aussi parler à leur endroit de séduction, mais dans une acception purifiée des manipulations affectives. La séduction qu’exercent Jean-Paul II et mère Teresa est celle qui reflète un Amour qui dépasse toute médiocre captation de l’inconscient. Elle se rapporte à un Dieu qui se donne à aimer, parce qu’il est don offert à tous, pure offrande de soi-même.
Dans une biographie de Newman qu’il vient de faire paraître, le cardinal Jean Honoré rappelle combien mère Teresa était marquée par la spiritualité du grand théologien anglais. Elle avait transposé directement, pour ses sœurs missionnaires de la Charité, des prières reprises de Newman : “La lumière, Ô Jésus, sera tout entière de Vous. Ce sera Vous, brûlant pour autrui à travers nous. Rien ne vient de nous. Puissions-nous prêcher sans prêcher, non avec des mots, mais par notre exemple et par la force de séduction, l’influence rayonnante de nos actes, l’évidente plénitude de l’amour que nos cœurs vous portent.” (1)
On comprend à quel point il y a connivence totale entre ces deux témoins de la foi et de la charité. L’exemple héroïque de la religieuse et la force tranquille du Pape ont reflété et reflèteront longtemps la séduction du Dieu qu’ils nous donnent à aimer.
Gérard LECLERC
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- OBSERVATION : SCIENCE ET MIRACLE
- Sur les pas des saints : Mère Teresa et Jean-Paul II
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- Padre Pio et Mère Térésa, patrons de l'Année de la Miséricorde