2899-Situation du christianisme - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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2899-Situation du christianisme

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Ce n’est décidément pas un anniversaire anodin que celui que nous allons fêter dans quelques jours avec les vingt-cinq ans du pontificat de Jean-Paul II. Que l’événement soit étroitement associé à la béatification de mère Teresa ne fait que confirmer la force de sa signification. Deux mille ans après la naissance du Christ, le miracle du christianisme ne cesse de se renouveler, ne serait-ce qu’en offrant au monde ces pures figures de la charité et de l’engagement total. Avec le Christ, dans le sillage de la Révélation biblique, l’histoire s’est trouvée surdéterminée par le dynamisme de l’espérance… C’est un aspect essentiel de la nouveauté chrétienne. Un esprit aussi éminent que le païen Celse, qui voulait résister à l’emprise de la religion naissante, affirmait, sûr de la confirmation de toute la sagesse antique, que rien ne pouvait apparaître à l’horizon qui vienne véritablement troubler l’ordre immémorial du cosmos. Les maux et les biens, prétendait-il, s’équilibreraient toujours, de telle façon que l’identique s’impose à jamais.

Ils étaient donc insensés ces hommes et ces femmes qui refusaient l’inexorable, au nom de la Résurrection, de la victoire du Christ sur la mort et de l’accomplissement glorieux de l’histoire au terme de la course. Plus tard, Frédéric Nietzsche, reprendra la même argumentation pour récuser l’espérance messianique et redire son unique certitude, celle d’une fatalité qui impliquera l’amor fati. D’une certaine façon, la situation de notre temps nous place dans une configuration intellectuelle et spirituelle assez voisine. Mère Teresa et Jean-Paul II n’ont cessé de témoigner contre la culture de mort au nom des forces de la vie.

Si le pape slave s’est engagé dans la première partie de son pontificat dans un bras de fer moral avec l’empire totalitaire, c’est qu’il ne croyait pas à l’inexorable. Pourtant, à l’époque, de bonnes âmes ne se faisaient pas faute de le détourner de pareilles imprudences. Le cours du vingtième siècle s’en est trouvé infléchi, à l’encontre des meilleurs spécialistes de la perspective.

Faut-il rappeler aussi qu’à l’avènement de Jean-Paul II, l’Eglise de France est en pleine détresse. Une partie de son intelligentsia quitte le navire, en proclamant, qui la mort de l’institution, qui son éclatement fatal en poussières qui correspondraient aux aventures désormais solitaires des héritiers du séisme. A tous ceux-là, le Pape a donné le plus vigoureux des démentis, en proclamant son célèbre “N’ayez pas peur”. Loin de laisser éclater l’institution, il en a renforcé l’unité et la cohérence, en suscitant des forces nouvelles sur tous les continents, pour lancer une nouvelle évangélisation. Ce vingt-cinquième anniversaire est celui d’une espérance sans cesse retrempée dans le dynamisme
de l’Esprit.

par Gérard LECLERC