2896-Vers le 25e anniversaire - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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2896-Vers le 25e anniversaire

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Ce n’est évidemment pas sans quelque angoisse que nous avons suivi cette visite en Slovaquie, qui constituait le 102e voyage apostolique de Jean-Paul II. L’épuisement du Saint-Père, sa difficulté de plus en plus grande à prononcer ses homélies nous imposaient la réalité d’un homme livré à ses ultimes forces, dans la nudité de sa faiblesse, l’aveu de son extrême impuissance contre les atteintes de l’inexorable. Mais, en même temps, quelle résolution dans l’humilité des apparences, quel message d’espérance dans cette offrande de son délaissement ! Les Slovaques ne s’y sont pas trompés, qui ont trouvé réconfort dans cette rencontre et exprimé leur joie qu’il soit néanmoins venu jusqu’à eux. En ce dimanche de la Croix glorieuse, le message était transparent. Avec l’apôtre, Jean-Paul II exprimait, d’une façon saisissante, le vivant exemple du Sauveur : “Nous portons partout et toujours en notre corps les souffrances de la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus soit, elle aussi, manifestée dans notre corps. Quoique vivants en effet, nous sommes sans cesse livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus soit, elle aussi, manifestée dans notre chair mortelle. Ainsi la mort fait son œuvre en nous, et la vie en nous.” (2 Cor 4, 10-11).

De retour à Rome, le Saint-Père va se vouer à la préparation du vingt-cinquième anniversaire de son pontificat, qui lui permettra de recevoir l’ensemble du collège cardinalice. L’Eglise universelle aura les yeux fixés sur cet événement exceptionnel, marqué par le rappel d’un quart de siècle riche en bouleversements – nous avons changé de monde ! – mais aussi ouvert à des perspectives apostoliques inédites pour le nouveau siècle. Ce pourrait être l’occasion d’une réflexion approfondie sur le mystère de l’Eglise dans l’histoire. En vingt-cinq ans l’Eglise a changé à la mesure des mutations universelles, mais en puisant dans le trésor de la Révélation et celui des énergies de l’Esprit de quoi affronter les défis de la civilisation et celui de sa capacité à toujours mieux correspondre à sa mission évangélique.

Il est sans doute providentiel que l’on réédite dans ce contexte la magnifique Méditation sur l’Eglise(1) que le père de Lubac publia il y a un demi-siècle. Rarement, en effet, on a exprimé avec autant de conviction et de bonheur, en quoi réside le secret de cette “institution” hors des normes terrestres, chargée d’instituer un monde nouveau dans la cité d’ici-bas. Abri et matrice de ce royaume en marche, elle agit au sein des contingences, pour recréer et reformer le genre humain. “Eglise de la terre, elle est déjà la Jérusalem d’en haut, notre mère.” Une telle méditation doit être aujourd’hui reprise et prolongée, afin de mieux comprendre pourquoi ce royaume spirituel continue à juger et relativiser la civilisation de ce temps.

Gérard LECLERC