La rentrée s’annonce difficile pour le gouvernement et la nation tout entière. Au sein de cette nation, les chrétiens sont évidemment solidaires des soucis et des échéances de leurs concitoyens. Ils sont amenés à offrir leurs propres réponses et à coaliser leurs énergies au service d’une solidarité qui appelle, notamment après les drames de la canicule, un examen sérieux. L’archevêque de Paris, dans un message publié cette semaine par l’hebdomadaire Paris Notre-Dame, insiste sur la question de la rencontre des générations, en rappelant à ses diocésains des impératifs propres à l’Evangile. Il est certain que l’individualisme contemporain – dont on se fait gloire pour mieux mettre en valeur l’autonomie des individus dans une société moderne – a pour conséquence un affaiblissement des liens sociaux, notamment intergénérationnels. L’éclatement de “la famille large” correspond à une atomisation qui multiplie les solitudes et pourrait encore renforcer à terme la ségrégation des personnes âgées.
Une telle perspective n’est pas acceptable, même si on la justifie par des déterminismes sociologiques et économiques. Les chrétiens se doivent de proposer des solutions alternatives concrètes, conformément à leur tradition caritative qui ne saurait d’ailleurs se limiter à des œuvres d’assistance, si nécessaires soient-elles. Il est vrai que la primauté de l’amour de l’autre doit transfigurer le cœur des rapports sociaux. Dans quelques semaines, la béatification de mère Teresa de Calcutta sera l’occasion de reconsidérer toute la question de la charité, vécue d’abord comme une reconnaissance de la dignité des pauvres, blessée par la misère. De même au mois de novembre, une autre béatification interviendra à Rome dans le même esprit, nous rappelant le souvenir de cette extraordinaire fille de la Charité que fut sœur Rosalie, qui se dépensa sans compter, au service des délaissés de notre Paris du XIXe siècle. Sœur Rosalie, qui a laissé son nom à une rue de la capitale, synthétise l’élan de toutes ses compagnes, qui furent longtemps populaires à l’enseigne de leur célèbre “cornette”. A l’école de saint Vincent de Paul et de Louise de Marillac, elles furent des signes de la tendresse de Dieu.
La mémoire du bienheureux Frédéric Ozanam était également célébrée cette semaine1. Elle inspire les mêmes sentiments et la même résolution pour répondre à l’appel des misères de notre temps, avec la disponibilité et la créativité des pionniers de la charité ? N’oublions pas non plus la rentrée de la catéchèse. La région apostolique d’Ile de France s’est engagée dans une campagne publicitaire adaptée aux moyens de notre temps. L’an dernier, une initiative identique, avait permis d’enrayer le mouvement de baisse des inscriptions des enfants dans les paroisses, tout en mobilisant d’autres énergies pour les mouvements et les structures d’accueil de l’enfance ! Nos diocèses et notre maillage paroissial, sont capables de réveils étonnants à la mesure de l’engagement de tous les baptisés.
Gérard LECLERC
- Célébré le 9 septembre, cf. le livre définitif paru ces jours-ci, de Gérard Cholvy : Frédéric Ozanam, l’engagement d’un intellectuel catholique, Fayard, 780 pages, 28 euros.
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI
- Sur le général de Castelnau et le Nord Aveyron.
- Conclusions provisoires du Synode sur la Parole de Dieu