Cet été n’aura donc pas été tout à fait comme les autres… La canicule qui a sévi, en donnant crédit aux prévisions les plus alarmistes sur l’évolution du climat de la planète, a aussi révélé la fragilisation de notre corps social.
L’individualisme renforce la solitude et l’anonymat. C’est bien ce que constate l’archevêque de Paris, en demandant à ses diocésains de prier pour “ceux qui sont morts en l’absence de tout lien avec une parenté connue”. Le cardinal Lustiger a demandé également aux paroisses de célébrer une messe aux intentions des victimes de la canicule, “et particulièrement ceux dont la famille ne s’est pas manifestée et qui n’ont pas été enterrés religieusement alors qu’ils l’auraient peut-être souhaité”.
L’Eglise, comme l’Etat, et diverses institutions, est donc en charge d’une réalité qui devra susciter une réflexion nouvelle. Comment prendre en charge une solidarité qui était “naturelle” sous les anciennes formes de sociabilité, traditionnelles ou même paroissiales ?
Plutôt que de jouer le jeu assez vain de la recherche de coupables immédiats, sur qui concentrer les hantises et les frustrations, il conviendrait plutôt d’exercer en commun, et à tous les niveaux de décision, les responsabilités du bien commun, notamment celles qui concernent le problème crucial de l’équilibre écologique.
L’écologie est un sujet trop sérieux pour être abandonné à des factions qui s’en font les porte-drapeau, tout en se passionnant pour tout autre chose. On s’en est déjà aperçu au moment de la crise de la “vache-folle”. Comme le remarquait Alain Finkielkraut, nos pseudo-écologistes se passionnaient beaucoup plus pour le Pacs ou “l’homoparentalité” que pour les gigantesques sacrifices d’animaux qui enfumaient l’Angleterre…
La question du lien social se pose aussi désormais, avec insistance, avec les contradictions inhérentes à un monde qui, tout en proclamant son attachement à la justice, dénonce les risques de l’existence.
Prenons garde de ne pas imiter ces quartiers délaissés de New York où la mortalité infantile équivaut à celle des régions déshéritées du tiers-monde. Plus généralement, cette question du lien social doit être rapportée à la famille, déstabilisée avec de plus en plus d’insistance par les courants idéologiques (cf cet ouvrage recensé par Le Monde qui dénonce le “préchi-précha familiariste” pour établir que, loin d’être le fondement naturel de la société, la famille est un instrument de contrôle et de perpétuation de ses aspects les plus arbitraires).
A ce propos, le tintamarre provoqué par l’affligeante affaire Marie Trintignant pourrait être le symptôme d’un véritable effondrement social et spirituel.
Gérard LECLERC