2891-La religion à l'école - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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2891-La religion à l’école

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S’il n’y avait l’estime que nous portons à la personne et à la pensée de Régis Debray, il nous suffirait de considérer la perte radicale de mémoire de notre patrimoine religieux pour porter toute notre attention à la question de l’enseignement religieux à l’école publique. Les choses avancent, et tout l’espoir de l’initiateur du projet consiste à fournir aux enseignants le bagage culturel nécessaire pour offrir aux élèves le minimum de connaissances avec toute la compétence voulue. Régis Debray ne s’est jamais caché les difficultés de l’entreprise, et les objections qui lui sont faites ici et là auraient pu en décourager plus d’un. Du côté laïque, on redoute, en effet, que les milieux religieux reprennent pied dans une école où la demande de religiosité est en pleine expansion. Du côté catholique, on s’interroge sur l’objectivité d’une discipline dont l’enjeu est de ne pas prendre parti en exposant rigoureusement l’histoire et les auteurs des courants les plus divers.

De fait, Régis Debray distingue entre une approche objectivante qui est le propre d’un savoir désintéressé et une approche confessante qui est le projet des croyants. Il espère que la laïcité sera en mesure de franchir l’étape qui lui permettra de passer de la neutralité ignorante à l’intelligence d’une part inaliénable du patrimoine national, européen et mondial. De ce point de vue, nous le suivons assez volontiers. La réussite du projet repose, selon nous, sur une disposition d’esprit qui demandera à beaucoup de surmonter leurs préjugés, voire leur hostilité. En un tel domaine, l’élève doit être rigoureusement respecté dans son for interne. Il faut trouver matière à un élargissement de sa culture, de son information sans qu’il ne puisse jamais se sentir agressé dans ses convictions et appartenances.

Certes le pari est risqué. La prépondérance actuelle d’une ouverture à l’islam peut déterminer une fixation préjudiciable à une véritable ouverture. Ainsi que le déclare Alain Finkielkraut à Elisabeth Lévy(1) : “L’intégration consisterait précisément à leur offrir ce monde dans lequel la Bible a joué un rôle immense”. Pourquoi pas ? Certes la tâche sera ardue, elle donnera lieu à des débats serrés, mais l’objectif est suffisamment important pour que nous en payons le prix. Par ailleurs, il convient, du point de vue chrétien, de se préparer, quant à la catéchèse, à répondre à cet accroissement possible des connaissances religieuses par plus d’espérance, de rigueur et d’approfondissement. Ne se contente-t-on pas parfois d’un moralisme qui se veut inspiré de l’exemple, mais se confond avec humanitarisme rarement partagé. Elisabeth Lévy interrogeant une jeune fille ayant suivi quatre ans de catéchèse dans un établissement catholique, a été surprise de son ignorance. “On nous a surtout parlé d’amour”. Cette jeune fille ignore ce qu’est la Pentecôte…

Ainsi donc, la question de l’enseignement des religions pourrait bien constituer une occasion privilégiée de repenser pleinement l’approche confessante, celle qui passe par une initiation chrétienne sérieuse.

Gérard LECLERC