2887-Du christianisme dans l'histoire - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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2887-Du christianisme dans l’histoire

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Ainsi, c’est entendu ! On a trouvé une formule de compromis pour le préambule de la « Constitution européenne ». Il y est question des « héritages culturels, religieux et humanistes de l’Europe ». Pensez donc, quel progrès ! Il y a quelques années, le mot « religieux » lui-même était proscrit… Quant à la mention explicite du christianisme, elle est tout simplement impensable… Ainsi l’Europe unie a peur de sa propre histoire. Le rappel de l’évidence la fait frémir. On nous dit qu’en fait il y a là-dessous un énorme non-dit. Ce n’est pas le christianisme ni même le judaïsme qui font peur. C’est l’islam ! Rappeler les origines baptismales de notre continent, c’est risquer de mettre mal à l’aise, et même d’indisposer, nos compatriotes musulmans. A l’heure où le fondamentalisme constitue une formidable menace, il serait, nous susurre-t-on, de la dernière imprudence d’agiter le moindre chiffon rouge.

S’il s’agit vraiment d’une question d’opportunité, on est en droit de s’interroger sur la crédibilité d’une constitution qui semble avoir peur de son ombre. A ce sujet, dans son dernier livre, Régis Debray a posé une question essentielle qu’aucun politique n’a osé relever, à notre connaissance. Jusqu’ici la construction européenne s’est réclamée d’une structure « éthico-juridique » qui a tous les agréments possibles mais qui apparaît inapte à lui conférer une vraie légitimité dans le concert du monde. Face aux Etats-Unis, dit encore Régis Debray, le décalage est impressionnant, car la nation américaine se réclame d’un pacte « stratégico-religieux » qui depuis ses origines lui confère l’ambition d’une hyperpuissance.

Nous ne méprisons évidemment ni l’éthique, ni le droit. Nous les révérons même à condition qu’ils ne soient pas le cache-misère du refus de poser la question des fondements de la Cité. L’Europe est marquée depuis le XVIIIe siècle par un complexe dont les Etats-Unis ont toujours été indemnes. Ce complexe est celui de la religion, et plus exactement du christianisme que les conventionnels de 1793 ont voulu éradiquer. Même lorsque la haine anti-religieuse n’est pas avouée, elle se camoufle derrière un agnosticisme pratique dont on aurait tort de croire qu’il est sans effet sur l’évolution culturelle et spirituelle des peuples. Que l’on prenne, par exemple, le défi démographique qui met toute l’Europe en situation de déséquilibre économique et oblige à revoir toutes les législations sociales. Ce n’est pas pour rien que depuis trente-cinq ans le message de l’Eglise en faveur de la vie est moqué, stigmatisé, voire criminalisé. Si l’Europe ne veut plus d’enfants, c’est qu’elle cultive une mentalité hédoniste et anti-sociale qui est en rapport direct avec une volonté de mettre le christianisme au rebut. Que l’on ne s’étonne pas des conséquences !

Gérard LECLERC