2884-Vienne, capitale de la nouvelle évangélisation - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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2884-Vienne, capitale de la nouvelle évangélisation

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Le nom de la capitale de l’Autriche résonne dans notre mémoire et notre imagination comme un symbole complexe de l’identité européenne. Le démantèlement de l’empire austro-hongrois, à la suite de la première guerre mondiale, a, certes, privé la ville des Habsbourg de son rôle politique central. Mais il est impossible aux vrais Européens de ne pas aimer ce témoin de l’esprit, dans le souvenir d’une tragédie qui fut celle de notre civilisation. L’événement qui s’y déroule en ces jours-ci ne saurait être abstrait d’une histoire sur laquelle il convient de s’interroger pour comprendre ce que signifie l’avenir de l’évangélisation dans ce qu’est devenue l’ancienne chrétienté.
En effet, l’initiative prise par les quatre cardinaux-archevêques de Vienne, Paris, Bruxelles et Lisbonne s’inscrit dans une grande interrogation. Que sera l’Europe demain ? L’Evangile qui façonna hier l’identité des peuples européens et créa une aire de civilisation dont Vienne illustra tour à tour la fragilité et la solidité, notamment face à la menace d’invasion, peut-il encore être le ferment d’un renouveau et le point de départ d’une nouvelle étape d’un destin commun ? Beaucoup en doutent, jusqu’au point d’ignorer dans les textes qui se veulent fondateurs d’une union continentale l’origine chrétienne de nos peuples. C’est, selon nous, une erreur gravissime. Non seulement parce que l’amnésie constitue la plus sérieuse des pathologies culturelles, mais parce qu’on ne saurait rien fonder sans ce qui donne sens à l’existence et sans le dynamisme de l’espérance. Le déficit démographique dramatique qui déstabilise l’équilibre économique de nos nations est en relation directe avec l’absence d’un vrai projet collectif et avec le nihilisme profond qui anémie toute capacité de relèvement.
Sans doute, les Lumières du XVIIIe siècle permirent-elles un essor supérieur des techniques et des industries, ainsi qu’un régime de liberté au service du droit. Cependant la haine anti-théologique hier dénoncée par un Léo Strauss comme envers de cette pensée émancipatrice a produit également ses ravages, au point d’attiser les totalitarismes anti-chrétiens et d’atrophier les âmes, dépourvues de profondeur. Une telle dérive a aujourd’hui ses conséquences spécifiques. L’Europe vieillie semble incapable des ambitions mondiales dont on voudrait la créditer, tout en organisant méthodiquement la logique de son déclin.
Aussi l’initiative des quatre cardinaux, qui entendent réveiller les âmes et faire ressurgir la force de l’Evangile, doit-elle être saluée comme le signe le plus fort de ces semaines, qui sans cela s’enfonceraient dans la mélancolie du non au futur. La nouvelle évangélisation est aujourd’hui – elle n’est pas que cela, mais elle l’est aussi – la chance d’une Europe qui ne se résigne pas !

Gérard LECLERC