2883-L'humanité, saisie par le Ciel - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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2883-L’humanité, saisie par le Ciel

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Ils le virent s’élever ; puis une nuée vint le soustraire à leurs regards ». C’est avec une sobriété extrême que Luc, l’auteur des Actes des Apôtres, rapporte l’événement décisif de l’Ascension. En une phrase, tout est dit. Jésus s’élève vers le ciel, après avoir pris congé de ses apôtres, et une nuée le dérobe à leurs yeux. Dans le langage biblique, la nuée a valeur théophanique. C’est pourquoi, en ces quelques mots, nous trouvons une extrême concentration théologique. Pour esquisser son contenu, nous pourrions tenter cette explicitation. A l’Ascension, qui marque le terme triomphal de l’événement pascal, le corps glorieux du Seigneur est saisi par le Ciel. Mieux encore, il fait son entrée visible au sein du mystère insondable du Dieu-Trinité. C’est aussi l’aboutissement du fait inouï de l’Incarnation. Le Verbe a pris chair. Cette chair a manifesté toute la puissance d’offrande d’un Dieu qui s’est fait pur amour. Elle a été broyée, eucharistiée et glorifiée. Elle intègre alors le Ciel et montre aux hommes à quelle destination ils sont appelés.

La sainte humanité du Christ fait son entrée dans le cœur de Dieu. A la suite du Seigneur, c’est donc toute l’humanité qui discerne son devenir, auquel la chair est associée. S’il existe aujourd’hui une telle difficulté à aborder, jusque dans la prédication, la substance vive de l’événement de l’Ascension, c’est qu’une intense résistance, à la fois antique et moderne, s’oppose à cette consécration de la chair. Nous demeurons héritiers du vieux préjugé platonicien à l’encontre du corps qui ne serait qu’une réalité dégradée à partir du monde des idées. Les modernes sont aussi rétifs à cette réalité subsistante du corps qui pourrait renaître, alors que son lot est la cendre dérisoire. Il faut donc convenir que le christianisme constitue encore aujourd’hui une sorte de scandale absolu. Et c’est sa grande différence avec les autres monothéismes.

Le fait que Dieu se soit manifesté dans l’humanité – ce qui constitue dans l’Histoire une nouveauté absolue – implique une logique qui va jusqu’à cette saisie de la corporéité glorieuse entrant dans l’abîme du mystère divin. De même que le Christ a révélé par sa mort humaine l’immensité de la miséricorde divine, de même par son corps ressuscité il atteste la victoire de la Vie et de la puissance de Dieu. S’étant manifesté dans la chair, il conduit cette chair à travers l’épreuve de la mort et la résurrection jusqu’à l’entrée de cette même chair dans le Ciel. Et celle-ci, bien que cachée à nos regards, par l’Eucharistie nous est toujours présente. Car de cette présence, nous ne saurions nous passer.

Gérard LECLERC