2785-Culture de mort - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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2785-Culture de mort

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Le sénat néerlandais, en adoptant la légalisation de l’euthanasie, vient de porter atteinte de la façon la plus grave à un des interdits fondamentaux inscrits dans le décalogue : tu ne tueras pas. Il s’agit là d’une transgression dont les conséquences s’annoncent déjà terribles. Et c’est l’expérience néerlandaise qui nous invite à considérer d’ores et déjà l’ampleur d’un drame que la loi vient en quelque sorte normaliser. Il apparaît en effet que l’euthanasie loin de s’appliquer à quelques cas d’exception où l’extrême douleur ne peut que susciter la compassion, voit son champ d’application grandir au fur et à mesure qu’une logique de mort entraîne tout dans son mouvement. Non seulement la mort est donnée volontairement à un nombre de plus en plus grand de malades, mais elle tend à remplacer les soins palliatifs en certains endroits. On ne normalise pas impunément une telle pratique. Lorsque les barrières morales tombent, il n’y a plus de possibilité d’encadrer une « permission d’exception ».

Pourquoi refuser l’homicide des enfants handicapés qui ont échappé à la vigilance des praticiens des avortements thérapeutiques ? Désormais, les tribunaux néerlandais l’acceptent de fait. Et sur cette pente fatale, le sort des handicapés mentaux pourrait être également réglé. La loi ne le permet pas encore. Le professeur Axel Kahn remarque dans Le Figaro qu’il y a déjà un début de revendication en ce sens. La dépression grave, celle qui entraîne le désespoir et l’obsession du suicide pourrait donner, elle aussi, lieu à une demande d’euthanasie ? Oui, disent ces partisans « à la demande explicite du patient ». Le professeur Kahn rappelle à juste raison , le précédent de l’Allemagne nazie « où une loi de 1941 a entraîné l’euthanasie de quelque 100 000 malades mentaux ».

On ne saurait oublier non plus que dans le projet initial du parlement néerlandais, il était envisagé d’étendre l’euthanasie aux mineurs de 12 à 16 ans. Tous ces faits saisissants montrent comment la transgression d’un principe fondamental entraîne une mutation de société qui démontre à l’évidence le bien-fondé des avertissements de Jean-Paul II. Le choix entre culture de vie et culture de mort n’est pas renvoyé à une perspective lointaine. Il s’offre à nous aujourd’hui, demandant un engagement irrévocable. Déjà, notre ministre de la Santé, Bernard Kouchner, parle d’un « débat nécessaire », ce qui laisse entrevoir une possibilité de remise en cause de l’interdit dans notre propre pays.

Nous savons d’ailleurs qu’il s’agit d’un combat qui est commencé depuis de nombreuses années dans nos hôpitaux. André Frossard y était particulièrement sensible, pour avoir constaté dans son propre entourage que la menace était désormais permanente. Voilà quinze ans, il nous confiait ses craintes : ce qui se passait dans le silence des hôpitaux serait un jour revendiqué sur le terrain de la loi.

Ce qui vient d’arriver aux Pays-Bas constitue un grave avertissement pour nous. C’est toute l’Europe qui se trouve investie d’une décision où elle fera la preuve ou non de son attachement irréductible à la loi du décalogue.