2766-Dérives mortelles - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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2766-Dérives mortelles

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Les jeux étaient donc faits d’avance, et il était inutile d’argumenter, de protester. Un débat parlementaire était-il même nécessaire, dès lors que le gouvernement de gauche plurielle était enfermé dans ses choix idéologiques et que la moindre contestation interne de ses présupposés était à la merci du diktat de comités tout puissants ? On se souvient de ce qui s’était passé cet été, lorsque le bruit courait que Martine Aubry éprouvait des scrupules à allonger les délais pour la possibilité d’avorter. Libération et Elle se chargèrent de la remettre dans le droit chemin, et des indiscrétions révélèrent un Premier ministre courroucé par le soupçon d’attitude non progressiste jeté par l’hebdo féministe. Voilà qui en dit long sur la dictature morale du lobby avortement, et sur l’impossibilité pour un homme de gauche de se dégager de l’emprise d’un politiquement correct étouffant.

La gauche plurielle ne s’est pas contentée de faire passer de dix à douze semaines les délais pour avorter, elle a aussi supprimé les mesures de répression prévues dans la loi Veil à l’encontre de la propagande en faveur de l’avortement et elle a totalement dépénalisé ce dernier. Tout devait être entrepris afin d’imposer l’idée d’un droit d’avorter, droit imprescriptible de la femme que l’on voudrait symbolique de sa prétendue libération. Rappelons ici qu’un pareil droit est contraire à l’inspiration de notre législation et qu’il est même récusé par la loi Veil, dont le préambule rappelle le principe du respect de la vie. Mais nos parlementaires ne se sont pas avisés de réécrire la loi pour marquer la distance qui les séparait de la tradition du droit français. L’aveu aurait été trop grave.

Il n’empêche que la logique qui se trouve ainsi déployée va directement à l’encontre des principes gardiens de la cité et de la civilisation, et que ses conséquences débordent largement le domaine de l’avortement. Remettre en cause le respect de la vie à travers le respect de l’enfant à naître, c’était dès le départ déclencher une chaîne de réactions dont nous voyons aujourd’hui, non sans quelque terreur, l’aboutissement. On est en mesure aujourd’hui d’attaquer en justice des médecins qui ont fait naître un enfant handicapé. Nos voisins néerlandais viennent – comme le proclament les médias – de mettre fin au tabou de l’interdit de l’euthanasie. Et notre Premier ministre annonce une révision des lois sur la bioéthique, qui permettra l’utilisation des embryons congelés pour l’expérimentation scientifique. Et l’on sous-entend que le clonage à des fins thérapeutiques pourrait être aussi autorisé.

Seul le Vatican a protesté vigoureusement contre la décision hollandaise en faveur de l’euthanasie. Le cardinal Lustiger avait énoncé clairement les règles du respect de l’être humain qui s’imposaient juste avant le débat parlementaire et l’annonce des propositions de Lionel Jospin. C’est bien que l’Eglise est en position d’avant-garde dans le combat où la culture de vie s’oppose à la culture de mort. Qu’importe qu’elle paraisse, très provisoirement, en contradiction avec le « progressisme » tout puissant. Le mouvement de fond des sociétés pourrait montrer plus tôt qu’on ne le croit qui a fait le vrai pari en faveur de l’homme et de sa dignité.