2324-Centrafrique : au cœur de l'isolement - France Catholique
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La justice de Dieu
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2324-Centrafrique : au cœur de l’isolement

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Le pays, au cœur même du continent africain, souffre d’abord d’isolement. Pour rejoindre Bangui depuis l’Europe, il n’y a qu’un vol par semaine… Depuis la mort, jamais élucidée, de Barthélemy Boganda, premier président de l’Afrique équatoriale française, en 1959, le pays ne décolle pas dans le concert des nations africaines. Des personnalités de premier plan lui font défaut.
L’Église a, elle aussi, ses fragilités. Le clergé est très jeune, beaucoup sont fervents mais, parmi les aînés, beaucoup sont en crise. De manière générale, ils ne sont pas tous une référence pour leurs cadets et les évêques doivent gérer cette réalité. Ce déséquilibre, peut-être issu de la pyramide des âges du clergé et de l’absence de cadres solides, explique la prédominance de missionnaires étrangers parmi les évêques, ce qui constitue une réalité exceptionnelle en Afrique et qui n’est pas sans créer de réelles difficultés.

L’urgence des urgences est certainement dans une formation en profondeur des cœurs et des esprits. Les demandes (AED) nous parviennent en ce sens de plusieurs diocèses : retraites, pèlerinages, formation des catéchistes et responsables de communautés, d’autant plus que l’islam se fait présent, en provenance du Tchad, et que les sectes profitent du désarroi des populations.

Le mal est profond : la société centrafricaine est « une société qui recule et qui se voit reculer », d’où son découragement et sa passivité. Les facteurs de déclin sont connus et ne sont pas propres à ce pays : gestion désastreuse des affaires publiques, corruption, incompétence avec tous les maux qui les accompagnent : perte du sens de la famille, absence d’éducation des jeunes, enfants de la rue, années scolaires blanches, désœuvrement…
L’Église assure, à elle seule, 60% des services de santé, avec peu de moyens. Le taux de prévalence du sida serait de 34%, soit plus que le taux du Lesotho. La famille est en grande souffrance, où se mêlent polygamie, naissances précoces, enfants des rues et enfants rejetés, chasse aux sorcières, ignorance de la dignité de la femme et du couple. La liste est longue des drames qui affectent en profondeur une société déboussolée. « Il faut d’abord une grande psychiatrie pour une société de dépressifs ! » selon les mots d’un médecin à Bangui.

Autre défi pour l’Église catholique : l’essor inattendu de l’islam dans ce pays majoritairement chrétien. L’islam en Centrafrique est entré, depuis les années 80, dans une vaste campagne d’expansion grâce à des moyens économiques étonnants et sous des formes diverses : l’humanitaire, la mobilité sociale, la conquête territoriale à travers les mosquées, les cellules de prière, les prédications sur les places publiques, la vulgarisation de la littérature islamique, la multiplication des écoles coraniques et l’accès aux médias d’État.

Ce mouvement de réveil islamique repose essentiellement sur des agents musulmans centrafricains qui ont fait leurs premières expériences religieuses dans le catholicisme et le protestantisme. Pour une raison ou pour une autre, ils ont été amenés à embrasser l’islam. Ces nouveaux convertis ont l’avantage de manipuler le Coran et la Bible. Ils se sentent beaucoup plus à l’aise pour attaquer les Églises chrétiennes, puisqu’ils viennent de là, à la différence des musulmans d’origine.

Cela pousse l’Église à réagir, avec la nécessité d’évangéliser par le témoignage d’une vie de sainteté : le travail ne manque pas  !