Il s’est passé tellement de choses l’année 2016 qu’on pourrait avoir le sentiment que l’année 2017 nous propulsera, sinon dans un nouveau monde, du moins dans une autre séquence historique. Rappelons quelques faits : l’élection de Donald Trump aux États-Unis, la victoire de François Fillon à la primaire de la droite chez nous, la reprise de la ville d’Alep par les troupes de Bachar el-Assad aidé par l’aviation russe, la montée en puissance du leadership mondial de Vladimir Poutine. Oui, le monde a bougé, oui, les rapports de force se sont modifiés, oui, notre socle culturel s’est trouvé transformé. Mais, franchement, je suis bien incapable de formuler un jugement général sur cet ensemble de phénomènes. C’est comme s’il y avait autant de raisons d’espérer que de raisons d’appréhender le proche avenir.
J’ai déjà exprimé, ici-même, mes réserves à l’égard de Donald Trump. On peut même être effrayé par certains de ses propos, notamment le mépris qu’il professe à l’égard des problèmes de l’environnement. Quelle sera sa politique étrangère, sa politique militaire ? En France, le mouvement dextrogyre – le mouvement qui déporte le pays, idéologiquement, vers la droite – semble bien soulever notre société. Débouchera-t-il forcément sur une orientation claire de notre économie ? Est-ce vraiment le libéralisme qui va triompher, si François Fillon l’emporte ? Si la gauche est éliminée au second tour de l’élection présidentielle, on assistera à un duel paradoxal. Ce sera, en effet, Marine Le Pen qui défendra des orientations dites de gauche, anti-libérales, contre le champion de la droite. D’ores et déjà, ce dernier est sommé de préciser son projet en matière de protection sociale. Et si le libéralisme triomphait, au moins comme projet, il faudrait qu’il fasse vraiment ses preuves en matière de relance de l’économie, de réindustrialisation du pays, si toutefois c’est la lutte pour l’emploi qui fait la différence.
On est en droit de ne pas partager mes perplexités. Souhaitons du moins que le débat qui va s’amplifier soit à la hauteur des enjeux et des angoisses actuelles. Mais c’est sur le terrain culturel que je situerai mon interrogation fondamentale. Est-ce la fin, comme le dit mon ami Jean-Pierre Le Goff, de l’hégémonie culturelle d’un gauchisme sectaire et de ses succédanés post-modernes ? C’est possible. Encore faut-il qu’on soit capable de poser les bonnes questions en termes philosophiques et anthropologiques. Là-dessus, j’ai la faiblesse de croire que les chrétiens ont beaucoup à penser et à exprimer !
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 2 janvier 2017.