1er octobre : Bonne fête Thérèse - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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1er octobre : Bonne fête Thérèse

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© Robert Cheaib / Pixabay

Écouter l’éditorial : En ce 1er octobre, fête de Sainte Thérèse de l’enfant Jésus et de la Sainte Face, je vous avoue qu’il m’est impossible de ne pas parler d’elle. Je sais qu’ainsi je ne suis nullement singulier, parce que je prends ma place dans l’innombrable cortège de ceux qui se reconnaissent dans la petite Sainte de Lisieux, depuis que ses sœurs carmélites l’ont fait aimer au monde entier en publiant Histoire d’une âme. Qui ne connait cette histoire qui n’est extraordinaire que parce qu’un effet de la grâce d’en haut nous a rendu familier l’esprit d’enfance ? Une jeune carmélite, morte à 24 ans, ignorée du monde puisque recluse dans son cloître depuis l’âge de 15 ans, s’est trouvée brusquement propulsée dans une célébrité absolue. La célébrité la plus étonnante, la célébrité de qui n’a jamais fait de bruit dans sa vie, n’a réalisé aucun haut-fait, ne s’est manifestée par aucun coup d’éclat. Et voilà que la discrétion absolue, l’humilité, la petitesse aux yeux des hommes deviennent comme des objets de lumière. Quelle peut être la raison d’une telle métamorphose ? Je crois que cette raison peut être révélée en un mot. Un mot qui n’en trahit nullement le contenu, parce qu’il se rapporte strictement à sa nature, en nous renvoyant à un abîme intérieur, à l’intimité inviolable d’une âme. Ce mot, Jean-Paul II nous l’avait confié à nous autres Français, lorsqu’il avait accompli son pèlerinage à Lyon, Taizé, Paray-Le-Monial, Ars, Annecy, ces hauts-lieux de sainteté. C’était une citation de Georges Bernanos: « Les Saints ont le génie de l’amour. » Cette expression saisissante de vérité est la meilleure qui nous ait jamais été offerte pour nous introduire au génie propre de ceux et celles que le même Bernanos appelait « nos amis les Saints ». On nous dit que la Congrégation romaine pour la cause des Saints, lorsqu’elle doit se prononcer sur les cas qui lui sont soumis, se détermine en fonction de l’héroïcité de leurs vertus. Certes, je puis comprendre cette expression d’héroïcité, parce que les Saints sont des héros à leur manière. Il arrive même qu’une Jeanne d’Arc, si aimée de Thérèse, soit tout à la fois une héroïne de légende et une Sainte. Mais tout de même, cet héroïsme est d’une essence particulière. Bernanos s’en expliquait en faisant la distinction avec les héros de Plutarque. C’est que l’héroïcité dans le cas d’une Thérèse, ne se rapporte qu’au génie de l’amour. Cet amour que la plus humble des servantes du Seigneur, a dispensé à profusion, sans mesure, comme l’enfant qu’elle était devant Dieu et qui n’avait rien d’autre à faire que d’être le témoin de son seul secret. Est-il utile d’en dire plus ? Si je m’en suis rapporté à mon compagnon et maître de toujours, Georges Bernanos, c’est que l’auteur du Journal d’un curé de campagne n’a cessé de vivre et de respirer dans l’ombre de Thérèse. Urs Von Balthasar l’avait déjà montré dans un grand livre1. Mon ami, Mgr Guy Gaucher l’a fait aussi dans le cadre d’une retraite qu’il a prêchée dans un carmel, à partir de l’œuvre de l’écrivain, et – précise le titre du livre qu’il en a tiré – « dans la lumière de Sainte Thérèse de Lisieux »2. Je ne saurais que recommander vivement la lecture de cet ouvrage, publié il y a quelques mois au Cerf, et qui nous restitue la force d’attestation chrétienne d’un homme qui fut illuminé, pour son existence entière, par le génie de l’amour révélé par une petite sainte complètement engagée dans le mystère même du Dieu trinité. Cette chronique a été lue ce 1er octobre dans le cadre de l’émission Le Grand Témoin sur Radio Notre-Dame : Écouter l’éditorial :

Documents joints

  1. Hans Urs von Balthasar, Le chrétien Bernanos, traduit par : Maurice de Gandillac, Parole et Silence (réédition de 2004), 506 pages, 30,00 €.
  2. Guy Gaucher, Tout est grâce : Retraite avec Georges Bernanos dans la lumière de sainte Thérèse de Lisieux, Cerf, 2009, 229 pages, 18 €.