Trois jours après l’élection de François Mitterrand à l’Élysée, avait lieu un autre événement considérable, l’attentat du 13 mai 1981 contre Jean-Paul II sur la place Saint-Pierre. Voilà donc un autre trentième anniversaire qui vaudrait à lui seul une commémoration particulière. Le rappel des faits est simple. Cet après-midi là, le pape salue les vingt mille fidèles venus à l’audience générale du mercredi, lorsqu’il s’effondre brusquement dans sa papa mobile. C’est un homme isolé dans la foule qui a tiré sur lui. Il sera rapidement repéré et maitrisé par les services de sécurité. Jean-Paul II grièvement blessé à l’abdomen est conduit à l’hôpital Gemelli en quelques minutes. Il y subira une opération de cinq heures. A quelques millimètres près, il était atteint en plein cœur. L’émotion est immense, d’abord sur la place Saint-Pierre où les fidèles sont en pleur, puis dans le monde entier stupéfié par la nouvelle.
Aujourd’hui encore, on spécule sur l’origine de l’attentat. Ali Agca, l’homme qui a tiré sur le pape et qui était d’origine turque n’a sûrement pas agi de sa propre initiative. On a parlé longtemps d’une piste bulgare, en s’appuyant sur les aveux de l’intéressé. L’hypothèse dominante concerne le bloc de l’est, déstabilisé par l’action du pape polonais. Plusieurs services secrets occidentaux avaient avertis le Vatican des menaces dirigés vers le souverain pontife. Il semble bien en l’état actuel des recherches qu’aucune preuve formelle n’a encore été découverte, qui assure de la responsabilité de l’union soviétique encore dirigée par Leonid Brejnev.
La révélation du troisième secret de Fatima a apporté une lumière inattendue au drame du 13 mai 1981, qui s’était déroulée le jour même de la fête de Notre-Dame de Fatima. Il me semble que cet attentat constitue un signe qui nous éclaire sur le dénouement de l’histoire du vingtième siècle. Ce pape qui, en effet, a changé la face du monde, ne pouvait pas échapper à la violence que le totalitarisme moderne portait en lui-même. La mystérieuse protection céleste qui a sauvé Jean-Paul II nous interroge, à l’heure de sa béatification, sur les vues de la Providence qui nous a fait le don de cet homme exceptionnel.
