Vive le catholicisme culturel - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Vive le catholicisme culturel

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Comme la culture américaine et l’Occident deviennent de plus en plus antichrétiens, un certain nombre de stratégies se sont mises en place pour gérer la menace. Virtuellement, toutes rejettent le vieux « catholicisme culturel » comme inadapté – et peut-être même comme une des causes de notre crise actuelle. On nous dit : les gens recevaient une instruction, pas une évangélisation. Quand la culture a changé, ils en ont fait autant.
Quelque soient les insuffisances de cette ancienne culture, il est clair que le nouveau catholicisme culturel doit émerger maintenant comme une réalité vivante, concrète et sociale – au sein des paroisses existantes quand c’est possible, peut-être sous d’autres formes ailleurs – sinon, les nouvelles stratégies, malgré toutes leurs vertus, risquent d’échouer.

Prenez, par exemple, la très vantée « nouvelle évangélisation ». Elle ressemble beaucoup à l’ancienne, simplement adaptée à des personnes pour qui l’ancienne n’a pas marché. Cela repose sur une forte argumentation – « Soyez toujours prêts à répondre à quiconque vous demande raison de l’Espérance qui est en vous. » (1Pierre III 15)

L’argumentation rationnelle est essentielle dans une Eglise qui valorise à la fois la foi et la raison. Mais Aquinas notait que Dieu révélait de nombreuses vérités que nous ne pouvions connaître par la raison. Pourquoi ? Du fait de notre nature imparfaite, la plupart des gens ne sont pas capables de réflexion sérieuse. Ils sont enfermés dans les nécessités pratiques du monde.
Par ailleurs, ce sont des problèmes difficiles. Quiconque essaie de « trouver un sens » l’apprendra vite. La plupart confortera sa foi par d’autres chemins.
Le catholicisme évangélique, par conséquent, est attrayant. Comme l’a argumenté mon collègue épisodique George Weigel, une Eglise sainte et confiante – papes, évêques, prêtres, religieux et laïcs réunis – inspireront les hommes de bonne volonté.

La réforme des structures en fait partie, comme Vatican II – correctement interprété – en avait l’intention. Une Eglise légaliste et bureaucratique ressemble vraiment trop aux gouvernements modernes sous lesquels nous œuvrons ; mal assorti aux vérités salvatrices de l’Evangile.

C’est là qu’un catholicisme culturel authentique pourrait intervenir. Russel Shaww, ami de plusieurs d’entre nous à TCT (The catholic thing, la chose catholique), vient de publier : L’Eglise américaine : Montée remarquable, chute météorique, et futur incertain du catholicisme en Amérique. Faites-vous plaisir : courez acheter ce petit bijou que vous lirez lentement et soigneusement.

Shaw analyse brillamment le conflit entre les « américanistes » (menés par Isaac Hecker, le Cardinal Gibbons, et d’autres) d’une part, et les opposants à l’assimilation (Orestes Brownson, l’évêque Bernard J. Mac Quaid, etc…) d’autre part. L’assimilation s’est faite forcément quand des millions de catholiques ont commencé à vivre et à travailler sur ces territoires – et jusqu’à un certain point, a été sans doute obligée de prendre la forme qu’elle a prise.

Mais la culture que ces catholiques acceptaient était très différente de celle d’aujourd’hui. Les américanistes argumentaient que cela avait permis à l’Eglise de prospérer pendant un temps et qu’elle avait des points communs avec les principes catholiques. Tout cela a changé radicalement, d’une manière que même les antis assimilationnistes n’auraient jamais rêvée.
Lors de sa messe d’inauguration, le pape François a invoqué Saint Joseph comme étant « un protecteur puisqu’il est capable d’entendre la voix de Dieu et de se laisser guider par Sa Volonté…. Il peut regarder les choses avec réalisme, il est en relation avec son environnement, il peut prendre des décisions vraiment sages. »

Les américains pourraient prendre cela à cœur. Après Vatican II, nous avons entendu beaucoup de choses sur le fait que l’Eglise était « sur la défensive et avait besoin de plus de maturité dans l’ouverture. Mais c’était surtout fallacieux. Il est certain que le fait d’être sur la défensive n’est pas une vertu chrétienne. -mais avoir peur de ce qui vous menace n’est pas une attitude névrotique. C’est du réalisme.

T.S. Eliot a écrit :


En souvenir des paroles du prophète Néhémie : « La truelle à la main et le fusil relativement lâche dans son étui ».

…Nous sommes environnés de serpents et de chiens ; certains doivent peiner, et d’autres doivent tenir les lances.
(Chœurs du Rocher)

Tout chrétien qui oublie les dangers et la persécution qui s’approche de nous actuellement, n’a tout simplement pas d’yeux pour voir. Les gouvernements et les institutions internationales sont déterminés à faire de certaines positions morales chrétiennes des « crimes de la haine » et des infractions aux « droits de base ». Ils veulent obliger les églises à observer des directives de l’Etat aussi coercitives que celles exercées à des endroits comme la Chine. Et ils croient – avec raison – que la plupart des chrétiens ne réagiront pas.

Voilà pourquoi nous avons besoin de ce que j’appellerais un christianisme culturel, non pas le ghetto du passé – qui, même s’il était souhaitable, ne serait pas adapté au présent. Nous avons besoin de créer de nouvelles manières de « protéger » la vie chrétienne :

Russel Shaw parle des « structures plausibles » du passé. Cela a toujours été une partie de l’Eglise, qui a besoin de prêcher avec audace sa rationnalité. La plupart des croyants ont une foi qui vient du cœur, en même temps qu’une confiance justifiée dans le fait qu’il y a des gens qui peuvent fournir un raisonnement argumenté pour la défendre, même s’ils ne le peuvent pas eux-mêmes.

A notre époque, une telle foi a besoin de comprendre l’urgence des choix contre – culturels qu’implique la manière de la vivre. Alasdair Mac Intyre est connu pour avoir évoqué la nécessité d’un nouveau Saint Benoit qui serait sûrement très différent. « Le monachisme est toujours une réponse. Mais de nombreux catholiques – 15-20 millions seulement pour l’Amérique à mon avis – croient et essaient de vivre ce qu’enseigne l’Eglise dans un ponde hostile. Nous sommes une minorité maintenant, même parmi les « catholiques ». L’Eglise doit repenser comment les vieilles paroisses territoriales peuvent nous fournir une plus grande « protection », et dans certains cas, sûrement, comment créer de nouvelles formes de communautés « protectrices ».

Nous pouvons considérer la gravité du danger avec naïveté. Notre culture est maintenant imprégnée d’ h « humanisme » anti chrétien, qui considère le catholicisme comme « le plus grand mal du monde ». (Richard Dawkins). Cet humanisme contrôle l’éducation, Hollywood, les médias, le gouvernement, les affaires – ce que Lénine appelait  « les hauteurs de commandement » de notre société. Mais même la vieille Union Soviétique a fini par échouer – alors qu’elle avait la bombe atomique. Donc, ne soyons pas pessimistes pour notre avenir. Mais il y a des chances que ce soit un long travail, qu’on ne put pas gagner par des plans et programmes à court termes.

Le pape nous a rappelé que l’Eglise se revigore en se tournant vers l’évangélisation du monde. Mais il faut aussi qu’elle nourrisse sa vie intérieure. Pour cela nous avons besoin d’une communauté culturelle intelligente, qui connaisse son affaire – et n’ait pas peur d’exercer une vraie protection.


Robert Royal est chef éditeur de The Catholic Thing et président de l’institut « Foi et Raison » à Washington D.C.

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http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/in-praise-of-cultural-catholicism.html