Dimanche dernier, le pape François a reçu le consentement de vingt couples de son diocèse de Rome, ce qui lui a permis de revenir sur la conception chrétienne du mariage : « Les familles sont le premier lieu où nous nous formons en tant que personnes. » Elles constituent « les briques de la construction de la société ». Cette insistance, qui s’accompagne de signes concrets et de conseils pratiques, (notamment sur la nécessité du pardon dans le couple) est significative d’une préoccupation pastorale que François partage avec ses prédécesseurs et qui s’est traduite par un impressionnant corpus doctrinal. Il est manifeste que ce dernier est encore peu connu, en dépit de l’immense effort qui a été réalisé par l’Église, ces dernières décennies, pour une meilleure initiation au sacrement de mariage.
C’est pourtant le premier impératif qui s’impose. Pour reprendre l’expression même de l’Instrumentum laboris1
qui précède les débats du prochain Synode, il s’agit d’abord de « communiquer l’Évangile de la famille aujourd’hui », ce qui impose de revenir au cœur de la Révélation, avec le dessein de Dieu qui se développe dans l’Écriture sainte et se trouve orchestré dans l’enseignement du magistère. Rappel précis est fait de l’immense apport du saint pape Jean-Paul II « à travers ses catéchèses sur l’amour humain, sa Lettre aux familles et son exhortation apostolique Familiaris Consortio ». Dans ces documents, « il a offert une vision d’ensemble sur la vocation à l’amour de l’homme et de la femme ; il a proposé les lignes fondamentales d’une pastorale de la famille et de la présence de la famille dans la société ». Ce rappel n’est pas superflu, tant on constate souvent une déconcertante indifférence à cette somme doctrinale quand ce n’est pas un rejet radical au nom de convictions idéologiques, étrangères ou hostiles au message chrétien.
Sans doute, le souci engendré par la dissolution du lien conjugal et la multiplication des divorces explique-t-il un déplacement de l’attention au profit des situations difficiles des chrétiens en rupture avec les engagements du mariage sacramentel. Il serait pourtant déplorable de subordonner toute la réflexion pastorale aux évolutions contemporaines d’une civilisation des mœurs qui obéit à d’autres critères et à une tout autre conception de l’existence. Le christianisme des origines a produit une étonnante révolution en transformant les mœurs les plus ancrées dans les traditions païennes en s’appuyant sur les meilleures aspirations à un amour vrai, durable, respectueux, réciproque, ouvert à la vie. La question est toujours de savoir si cette révolution est encore d’actualité, si elle n’est pas, plus encore qu’hier, nécessaire au bonheur des personnes et à l’équilibre des sociétés. Un préalable s’impose toutefois qui consiste à ne pas rejeter Dieu du sein de nos sociétés.
- Synode sur la famille. Instrumentum laboris. Commenté par René Poujol et Gérard Leclerc, Salvator, 142 p., 14,90 e.
Pour aller plus loin :
- SYNODE SUR LA FAMILLE « L’URGENCE D’UNE PREMIERE ANNONCE : JESUS T’A SAUVE ! » (Pape François)
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI
- PREMIERE MISE EN PERSPECTIVE « MISSIONNAIRE » DU RAPPORT FINAL DU SYNODE DE LA FAMILLE
- MARIAGE ET CONVERSION PASTORALE
- Première étapes du Synode sur la famille