Ukraine : l'unité à sauver - France Catholique
Edit Template
Le martyre des carmélites
Edit Template

Ukraine : l’unité à sauver

Copier le lien

J’ai quelque scrupule à intervenir sur la question de la Crimée, dont la population a choisi hier, massivement par référendum, son rattachement à la Russie. Depuis des semaines, j’écoute et je lis les uns et les autres : je suis un peu effrayé des oppositions frontales sur l’évolution de l’Ukraine, dont la violence me persuade de plus en plus de la difficulté d’une solution en même temps que du danger que constitue cette crise pour l’équilibre du continent européen. Je ne puis que réitérer mon souhait que les chancelleries puissent négocier un accord, dont le préalable consiste à rétablir une discussion entre toutes les parties en présence. Singulièrement la Russie et l’Europe.

Je connais évidemment toutes les raisons qui conduisent à se méfier du régime de Vladimir Poutine. Certains de ses aspects nous rappellent trop le totalitarisme de l’ancienne Union soviétique même si Poutine n’est ni Lénine, ni Staline, ni même Brejnev. Nous ne pouvons nous satisfaire de toutes les atteintes à ce qui devrait être un État de droit et des souffrances endurées par trop de personnes, notamment dans un système pénitentiaire insupportable. Mais en même temps, nous ne pouvons envisager l’avenir de l’Europe sans la Russie, sans tenir compte des données de l’histoire, de la culture et de la géopolitique.

C’est pourquoi le statut de l’Ukraine est si délicat à élaborer. Ce pays constitue une sorte de « marche », aussi bien pour la Russie que pour l’Europe, et il est déraisonnable d’envisager un avenir où il serait complètement séparé de Moscou. Si tous nos vœux peuvent aller naturellement vers l’instauration d’une Ukraine indépendante, ce ne peut être que dans le respect des équilibres internes et externes, avec la construction d’un État fondé sur une vraie légitimité. On peut redouter que la séparation de la Crimée, même justifiée par le problématique droit des peuples, ne renforce une logique de dissociation, alors qu’il faudrait au plus vite toutes les conditions de l’unité dans le cadre d’un concert européen, dont la Russie ne se sentirait pas exclue.

Chronique lue sur radio Notre-Dame le 17 mars 2014.