TROIS PARADOXES MARIAUX à NOËL - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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TROIS PARADOXES MARIAUX à NOËL

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Un paradoxe, dans le meilleur sens du terme, c’est quelque chose qui à première vue semble contradictoire, mais renferme une vérité profonde. Dans la littérature anglaise, G.K.Chesterton est un spécialiste du paradoxe, comme le sont des poètes comme T.S.Eliot, des religions comme le taoïsme, l’hindouisme, et le christianisme est rempli de paradoxes. Le Nouveau Testament aussi nous fournit des exemples de personnes paradoxales, comme Marie, la mère de Jésus.

Vierge/Mère : virginité et maternité sont des choix qui s’excluent mutuellement. Mais Marie, comme épouse de l’Esprit Saint, a été le vaisseau choisi pour accomplir le plan de Dieu de venir physiquement dans le monde, et fournir les ressources par lesquelles le péché et la mort pouvaient être vaincus et l’accès à la vie éternelle être établi par le moyen de la foi. Si saint Paul pouvait se proclamer « dans les douleurs » (Gal 4 :19) et avoir « enfanté » des enfants spirituels (1 Cor 4 :15), la fécondité de la Vierge Marie qui ne connaît pas de bornes, n’est pas quelque chose d’extrinsèque à sa virginité, mais une qualité inséparable de cet état spirituel.

La Vierge Marie, divinisée par la grâce, mère du Fils de Dieu, portée au Ciel par son assomption et déclarée « Mère de l’Eglise » par le pape Paul VI, est, comme saint Paul, « à nouveau dans les douleurs », conduisant le fidèle au salut en dépit des obstacles et des persécutions d’un monde chargé de péché.

Ordinaire/Unique : Marie, épouse d’un charpentier et mère de Jésus, et tante de Jacques, Joseph, Simon et Judas et leurs « sœurs » (Mt 13 :55 et sq.), était tout à fait ordinaire, à tout point de vue, on ne la distinguait pas, on ne la remarquait pas. C’était une personne quelconque (comme beaucoup d’entre nous), qui ne fut pas traitée en VIP quand elle chercha une place pour accoucher, qui ne reçut aucun traitement spécial dans sa vie de famille et au sein de sa communauté.

Elle émigra en Egypte à cause de la persécution, y travailla probablement dans différents emplois pour subvenir aux besoins, et quand elle retourna à Nazareth elle fit son pèlerinage annuel à Jérusalem avec toute sa famille élargie. Quand Jésus commença à évangéliser, elle suivit comme les autres femmes pendant trois ans, vit dans la tristesse crucifier son Fils pour blasphème ; ensuite elle fut une veuve assistée sous la protection de saint Jean et partit probablement avec lui pour Ephèse.

Mais comme l’ange Gabriel le dit dans l’évangile de Luc, elle fut absolument unique – « pleine de grâce », « bénie entre toutes les femmes », choisie pour être la mère du « Fils du Très-Haut ». On peut difficilement imaginer le vaste réservoir de grâces qui furent accordées à Marie pour la rendre digne de devenir la mère du Fils de Dieu.

Dieu est prêt, il le désire, à déverser toute sorte de dons sur ceux qui ne mettent aucun obstacle sur Sa route. Il va sans dire que si Marie a toujours depuis sa naissance coopéré avec la volonté de Dieu, elle devait une abondance de dons qui dépasserait de loin les dons possédés par des grands saints – dons de connaissance infuse, d’accomplir des miracles, de guérison etc .

Et pourtant son inépuisable richesse en dons spirituels était accompagnée par une incomparable humilité. On pense à son apparition à saint Bernadette Soubirous à Lourdes, et à son extraordinaire réaction émotionnelle quand Bernadette, sur l’insistance du curé de sa paroisse, lui demanda de s’identifier. Bernadette posa la question par deux fois et « la dame ne fit que la regarder, silencieusement, avec un vague sourire » Mais Bernadette dans sa déposition officielle dit :

« A ma troisième demande son visage prit une expression grave et au même moment une expression de profonde humilité…Elle leva les yeux au ciel, joignant en signe de prière ses mains qui étaient tendues et ouvertes sur la terre et me dit avec une voix dans laquelle on pouvait sentir un léger tremblement : Que soy era immaculada councepciou » (c’est nous qui soulignons)

Notez particulièrement dans cette communication, la profonde humilité de Marie et la gravité de son expression quand elle s’identifie. « Le léger tremblement » de Marie en s’identifiant elle-même comme l’Immaculée Conception nous manifeste qu’elle était et qu’elle est encore (même au ciel) émotionnellement dépassée par la prérogative qui lui a été divinement accordée.

Réalité historique/ Symbole transhistorique : comme il est mentionné dans les généalogies de l’Evangile, Marie est issue de la Maison de David, suivant une longue ligne d’ascendants. Certains Pères des premiers temps transmirent des traditions sur sa parenté, et quelques évangiles apocryphes tentèrent d’embellir les détails. Selon le proto-évangile dans la Genèse 3 :15 une femme et son rejeton écraseraient la tête de Satan et rachèteraient l’humanité, et un drame commença à se jouer dans l’Ancien Testament.

Le plan audacieux de Dieu, tel qu’il fut annoncé par les prophètes, en dépit de l’inconstance intermittente de son Peuple élu, allait venir dans le monde sous la forme d’un homme réel né d’une mère. Marie était le chaînon absolument nécessaire de Dieu dans ce développement réellement historique.

Pourtant, Marie n’était pas seulement un individu historique mais aussi un symbole de l’Eglise, comme il est indiqué dans l’Apocalyspe 12 : 1-6 :

Un Grand signe apparut dans le Ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles…Elle mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les conduisant avec un sceptre de fer. L’enfant fut enlevé jusqu’auprès de Dieu et de son Trône.

La Bible Ignatius, citant saint Hippolyte, développe le symbolisme de ce chapitre :

La femme de l’Apocalypse 12 est à la fois une personne individuelle et un symbole collectif. Elle est Marie, le Mère du Messie et la mère spirituelle de ses disciples. Mais elle représente aussi le fidèle d’Israël…aussi bien que l’Eglise… dotée de la Parole de la Foi, dont la splendeur dépasse cette du soleil. Comme la lune elle est ornée de gloire céleste, et sa couronne de douze étoiles indique les douze apôtres, qui ont fondé l’Eglise.

Si nous désirions simplement fixer la « Marie historique » comme ces théologiens qui tentent de distiller le « Jésus historique », nous manquerions la signification de Marie dans laquelle en ce Noël d’il y a tant d’années se répandirent des flots de grâce divine, contribuant à la fois à sa grandeur et à notre salut.

Samedi 20 décembre 2014

Source : Three Marian paradoxes at Christmas

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Howard Kainz est professeur émérite de philosophie à Marquette University. Parmi ses publications les plus récentes : La Loi naturelle : une introduction et un réexamen (2004), Cinq paradoxes métaphysqiues (The Marquette Aquinas lecture 2006), La Philosophie de la nature humaine (2008), et L’Existence de Dieu et l’instinct de foi (2010).