Souffrances des uns et des autres - France Catholique
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Souffrances des uns et des autres

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Je lis, dans un article de Gérard Leclerc paru aujourd’hui sur France Catholique version numérique :

« J’ai horreur d’une mentalité qui méprise et fait souffrir les homosexuels. Mais je crains aussi l’étrange utopie d’un monde où tout ce qui serait sexuellement normé serait poursuivi et sanctionné par le ministère de la police de la pensée et des nouvelles mœurs. »

Toute la difficulté de l’action menée contre le projet de loi « mariage pour tous » tient entre ces deux affirmations. L’hostilité, avec son accompagnement de violences indignes, de certains contre les personnes attirées sexuellement par leurs semblables est intolérable : attitude méprisable. L’important est que cette attitude demeure dans le champ de la morale ordinaire qui ne peut que la condamner sévèrement, même si pour de nombreux intellectuels de gauche la « morale » en elle-même est une notion rétrograde : que feront-ils de la « morale laïque » que veut instaurer le Prophète Peillon comme une « nouvelle religion superposée au-dessus de toutes les autres », une nouvelle foi (comme si la foi n’était pas, avant tout et pour moi exclusivement, la reconnaissance d’une révélation divine…).

Par contre, l’acharnement de quelques-uns de ce milieu est tout aussi insoutenable – puisque la majorité d’entre ces personnes attirées par leurs semblables est hostile à ce projet, qui se situe à un autre niveau puisqu’il s’agit là, quoiqu’il en soit dit, mais que reconnaît pour s’en flatter Madame Taubira, d’un saut qualitatif éminemment négatif devant affecter durablement la civilisation en laquelle nous désirons si fortement demeurer : et notre droit le plus élémentaire en démocratie est d’être en mesure d’exprimer notre conviction.

Gérard Leclerc insiste sur les souffrances éprouvées et avoués par certains homosexuels dans les médias de gauche, dont Le Monde, Nouvel Obs, Libération… Aucune souffrance n’est en effet à dédaigner ou, pire, à mépriser : encore faudrait-il voir si elles sont partagées par tous leurs compagnons d’infortune. Encore faudrait-il que les plaignants prennent conscience qu’ils n’hésitent pas à infliger, par leurs réclamations impensables, une souffrance d’un autre ordre à un nombre bien plus considérable de citoyens dans un débat où quelque chose de déterminant dans leur existence serait à jamais mise à mal : la dignité de ce qu’ils ont signé et vécu, leur mariage.

Ce qui me navre dans leur comportement c’est qu’ils « jugent » nos arguments comme nuls, ringards, conservateurs, arriérés, dépassés, sans avenir. On aurait aimé que leurs diverses condamnations soient étayées valablement et non pas seulement par des flots d’invectives. Leur opinion profondément insultante sur, par exemple, le christianisme, accusé d’être la source de tous les maux, nous la recevons en pleine face sans même qu’ils se doutent, puisqu’ils n’ont pas la foi, qu’elle s’adresse à un Vivant éternel qui est notre plus profond amour ! Ou celle, combien révoltante, sur les arguments qui concernent la mise au rancart par ce projet de la conscience des filiations, si nécessaire à l’équilibre de chaque enfant comme de chaque adulte, jusqu’à sa mort : en même temps que source prochaine comme à long effet d’autre souffrances.

J’en ai retiré l’impression que leur lecture de tout ce qui a été écrit depuis deux mois n’a été par eux qu’effleuré, d’avance condamné parce que venant d’« opposants »… Ils devraient s’interroger sur le fait que nombre des ces arguments sont partagés sans équivoque par une proportion non négligeable de leurs confrères, ou « semblables ». Et que, le plus souvent, les véritables progrès proviennent de longs débats où les diverses factions doivent nécessairement s’affronter durement avant qu’une synthèse puisse être dégagée et une réconciliation s’opérer.