Soudan : appel à l'aide - France Catholique
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Soudan : appel à l’aide

Par John Pontifex, journaliste AED Royaume-Uni Traduction : Mario Bard, journaliste AED Canada
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. 20 000 chrétiens marchent pieds nus pour la paix

. Plus de 20 personnes enlevées, dont sept personnes tuées, littéralement crucifiées

. Évêque : le Soudan a besoin de l’aide extérieure pour faire cesser les attaques de la guérilla

Mgr Eduardo Hiiboro Kussala, évêque du diocèse de Tombura-Yambio (région éloignée du Sud-Soudan), estime que l’intervention de la communauté internationale est désespérément nécessaire afin de protéger sa population des gangs de combattants de la guérilla LRA.

Mgr Hiiboro considère que les attaques sporadiques sur des civils innocents par l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA), ne peuvent être arrêtées sans aide provenant de l’extérieur du Soudan.

L’évêque s’est entretenu récemment avec l’organisme international de charité catholique Aide à l’Église en Détresse (AED), après que plusieurs rebelles de la LRA aient pris d’assaut une église de son diocèse, Notre-Dame-de-la-Paix, le 12 août dernier, désacralisant l’édifice avant d’enlever 17 personnes, la plupart étant des adolescents et des jeunes dans la vingtaine.

Peu après l’attaque de cette église, située dans la ville d’Ezo, tout près des frontières avec la République centrafricaine et la République Démocratique du Congo (RDC), l’un des jeunes hommes qui avaient été kidnappés a été trouvé mort, attaché à un arbre et mutilé. De ceux qui ont été enlevés, seulement trois ont pu s’échapper et revenir en lieu sûr, le jour suivant, laissant derrière les 13 autres. Ces derniers manquent toujours à l’appel un mois plus tard.

Puis, moins d’une semaine après, près de la ville voisine de Nzara, six personnes sont tombées dans une embuscade et ont été tuées après avoir été clouées sur des pièces de bois. Ceux qui ont découvert les corps plusieurs jours plus tard, ont indiqué que la manière dont ceux-ci avaient été disposés faisait penser à une grotesque parodie de crucifixion. Les LRA sont notoirement connus pour la sauvagerie des exactions qu’ils commettent. À cette date, de nouvelles informations faisaient état de l’enlèvement de 12 autres personnes, dans leurs villages, près de Nzara. Les attaques se sont déroulées environ un mois après qu’une équipe de l’AED ait effectué une visite dans le diocèse de Tombura-Yambio, dont une visite à Nzara.

En réponse à ces attaques, Mgr Hiiboro a initié trois jours de prières et de jeûne, impliquant les chrétiens de toutes confessions de l’État du Western Equatoria (Sud ouest du Soudan).

À son plus fort, 20 000 personnes ont marché plus de 4 kilomètres, pieds nus, vêtues de sacs et de cendres, dans une manifestation silencieuse contre l’inaction alléguée du gouvernement, afin qu’il augmente la sécurité dans la région. Des ministres du gouvernement local ont pris part à l’événement et se sont engagés à faire plus pour renforcer la présence policière dans la région.

Mgr Hiiboro s’est réjoui de l’ampleur de la manifestation. « Quoique nous sachions que trois jours de prière attireraient un grand nombre de personnes, il y en a eu à peu près le double de ce que nous espérions. C’était extraordinaire ». L’évêque indique encore : « L’emphase des rencontres de prière avait pour but de revenir sur ce qui s’est passé dans le Western Equatoria, ainsi que de renouveler notre vie spirituelle. Nous voulions faire une manifestation silencieuse pour dire au gouvernement que les choses ne vont pas bien ».

Tout comme il a impliqué les représentants du gouvernement local dans les rencontres de prière, Mgr Hiiboro a écrit aux autorités de Khartoum, le gouvernement d’unité nationale. Il y a souligné que, selon l’accord de paix post guerre civile, le régime de Khartoum a la tâche de répondre quand les pays voisins, d’où proviennent originellement les LRA (Ouganda), menacent le sud du Soudan, aussi bien que le nord où se trouve la capitale du pays, Khartoum.

Aide internationale : essentielle

Dans l’entrevue qu’il a accordée à l’AED, Mgr Hiiboro a été clair : l’attaque à Ezo fait partie d’un cycle de violence qui ne pourra être brisé qu’avec la collaboration internationale. « Le gouvernement ne peut faire une réelle différence » dans le problème que représente la LRA. « Ils continuent [les responsables gouvernementaux] à dire qu’ils ont le contrôle, mais maintenant, on voit la réalité », estime-t-il. « Personne ne vient à notre aide », estime encore l’évêque. « Nous demandons à ceux qui sont responsables [du Soudan] dans la communauté internationale de faire quelque chose ».

Mgr Hiiboro nous a encore décrit comment, le 12 août dernier, des centaines de personnes d’Ezo, qui participaient à la neuvaine de prière marquant la fête de l’Assomption, ont été attaquées par la LRA, déchirant les vêtements liturgiques, désacralisant l’Hostie et endommageant d’autres biens de l’Église. « Les attaquants ont clairement voulu faire du tort à la population parce qu’ils savaient qu’elle était en prière ». Ensuite les rebelles ont pourchassé le curé de la paroisse d’Ezo, le père Justin, qui a dû courir pour avoir la vie sauve et qui a passé la nuit dans une forêt des alentours, avant de trouver un endroit sûr le lendemain. « Ce qui est arrivé au mois d’août a été un gros choc pour nous », a indiqué l’évêque. « C’était dur d’accepter le fait que nous étions exposés à un si grand risque. Après coup, les gens ont continué à venir à moi avec tant de souffrance dans leurs yeux, me suppliant de faire quelque chose – de leur redonner leurs enfants et petits-enfants disparus ».

http://www.aed-france.org/