Schisme, un quart de siècle. - France Catholique
Edit Template
Le martyre des carmélites
Edit Template

Schisme, un quart de siècle.

Copier le lien

Les évêques schismatiques ont une fois de plus bousculé la loi de l’Église catholique. « Renoncez à votre enseignement, ou nous ne reviendrons jamais. »

La récente déclaration des trois derniers évêques de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X traditionaliste (« FFSPX ») renvoie encore plus loin tout espoir de réconciliation avec l’Église dans un avenir incertain. Notez bien, que l’Église se réconcilie avec eux, pas l’inverse ; pour eux, la réconciliation est à sens unique.

Les trois évêques précisent dans leur déclaration diffusée à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de leur schisme qu’il ne s’agit pas d’une divergence d’interprétation des documents publiés par le Concile Vatican II, mais des documents eux-mêmes. Selon eux, ces documents sont parfaitement clairs et totalement hérétiques.

Parmi les tâches essentielles des deux derniers pontificats il a fallu mettre d’aplomb la signification de Vatican II en remettant les hurluberlus sur leurs pieds et en ancrant fermement les documents au sein de la tradition de l’Église. Benoît XVI insistait pour qu’on ne les considère qu’au travers de ce qu’il nommait une « herméneutique de continuité. »

Selon « FFSPX » il faut voir Vatican II comme une « herméneutique de rupture ». Ils prétendent que le Concile a amorcé ”un nouveau type de magistère, jusqu’à présent inouï, sans la moindre racine dans la tradition”. Leurs cibles, inamovibles depuis la révolte de 1988 : ”la liberté de religion, l’œcuménisme, la collégialité et la nouvelle liturgie de la messe”.
Selon « FFSPX » la liberté de religion n’est rien de plus que demander l’abdication de Dieu, ou faire évaporer le Christ.

L’œcuménisme et le dialogue inter-religieux ont mené à un point tel qu’une grande partie du clergé et des fidèles ne voient plus en Notre Seigneur et en l’Église catholique l’unique chemin du salut.

« FFSPX » a aussi horreur de ce qu’elle appelle la « Nouvelle messe », qui « amoindrit l’affirmation du règne du Christ par la Croix. En réalité ce rite voile et obscurcit la nature sacrificielle et propitiatoire du sacrifice eucharistique. » Selon la déclaration des évêques de « FFSPX » cette messe détruit la « spiritualité catholique ».

Il y a bien du vrai dans la critique de ce qui a pu se passer au sein de l’Église après Vatican II. L’œcuménisme a été un fiasco, sauf lorsque des fidèles catholiques ont travaillé avec les Évangélistes dans le domaine social.
Et, pour moi, la Messe tridentine est sans conteste bien plus belle sous presque tous les aspects que la nouvelle liturgie. Il est également vrai que bien des catholiques croient de nos jours que tous les chemins mènent à Dieu, et donc que l’évangélisation n’est pas nécessaire. Et vous aimeriez certainement que les évêques aient plus d’influence par eux-mêmes et que l’autorité des conférences épiscopales s’atténue.

Mais tous ces problèmes ne sont pas dus à Vatican II. Le Concile a donné de plusieurs façons à l’Église assez de souplesse pour encaisser les chocs culturels qui ont profondément miné le protestantisme traditionnel.

J’écrivais ici voici plus de deux ans que les pourparlers entre la Fraternité et l’Église n’avanceraient jamais pour deux raisons. D’abord, parce que la Fraternité demande trop. Elle veut davantage que l’approbation universelle de la messe traditionnelle en latin. Elle veut que l’Église renonce à l’enseignement d’un concile œcuménique. S.E., (alors cardinal) Ratzinger a précisé dans son Rapport que le rejet de Vatican II implique le rejet du Concile de Trente car c’est rejeter l’autorité des deux conciles que rejeter l’enseignement des évêques du monde entier qui sont en communion avec le pape.

La seconde raison pour laquelle « FFSPX » ne reviendra jamais est encore plus épidermique que la première. Elle est bien plus que le simple refus de l’enseignement de l’Église. Il y a une dose énorme d’orgueil, qui ne permettra jamais, quoi qu’il arrive, la réconciliation.

Même si l’Église renonçait à Vatican II et rendait obligatoire la célébration traditionnelle de la messe en latin, il est vraisemblable que le noyau dur de « FFSPX » ne cèdera jamais. L’habitude de l’autonomie est bien prise. Et le plus difficile à accepter est le devoir d’obéissance.

Le retour, improbable, n’est pourtant pas impossible. Il y a seulement quelques semaines un groupe précédemment schismatique vit ses séminaristes allongés, visage au sol, dans une église romaine, recevant l’ordination d’un archevêque attaché au Vatican.

Les Fils du Très Saint Rédempteur étaient naguère les proches alliés de Mgr. Marcel Lefebvre, fondateur de la Confrérie Sacerdotale Saint Pie X. En fait, lors de leur fondation en 1987, ils se rapprochèrent de Mgr. Lefebvre pour en avoir la bénédiction.

Ils vécurent dans la jungle ecclésiale jusqu’en 2007, quand S.S. Benoît XVI publia le motu proprio Summorum Pontificum qui autorisait la célébration universelle de la messe traditionnelle en latin. Le groupe sollicita Rome en vue d’une réconciliation. Des visites eurent lieu. S.E. le Cardinal Levada, de la commission pontificale Ecclesia Dei fut impliqué. Et le pape accorda la régularisation l’an dernier.

Mais, il fallait s’y attendre, malgré le retour vers Rome, quelques membres du groupe décidèrent de demeurer dans le schisme avec la Fraternité St. Pie X.

Car ceux pour qui la Fraternité n’est pas schismatique s’arrêtent sur ceci : dans le document de régularisation le texte officiel cite la fin de leur ”état schismatique”.

Les catholiques traditionalistes ne sont pas des extra-terrestres. Ce sont nos frères et sœurs qui, de multiples façons, sont aussi fidèles que n’importe quel catholique au sein de l’Église — sauf en ce qui concerne le devoir d’obéissance ecclésiale. Il faut voir et admirer leur énergie physique comme intellectuelle, et ils font grandement défaut à l’Église de nos jours.

Puisse cette énergie se dépenser sur d’autres cibles que l’Église catholique.

Photo : Mgr Marcel Lefebvre, fondateur de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X.

Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/a-quarter-century-of-schism.html