C’est un fait avéré : le second synode sur la famille qui s’ouvre à Rome ne sera pas aisé à conduire, à arbitrer et à conclure. Il apparaît que des oppositions frontales se dessinent à tel point qu’il est probable que nous vivions des moments délicats, analogues à ceux qui ont eu lieu au cours du déroulement de Vatican II. Et pourtant, a priori, il y a entre tous les évêques de l’Église catholique un accord de fond sur la théologie du mariage, qui, dans ses traits essentiels, ne saurait être contestée. Et s’il fallait se persuader du caractère pérenne des principes ainsi que de leur actualité toujours vérifiable dans l’expérience humaine d’aujourd’hui, il suffirait de se référer à la parole de notre pape François qui, depuis des mois, ne cesse d’interpeller les catholiques sur la vitalité de la cellule familiale, qui est au cœur des réalités sociales et ecclésiales.
François ne cesse d’incriminer l’individualisme qui refuse l’engagement durable, ce dernier étant lui-même rendu impossible par la « culture du provisoire ». Il s’inquiète également de la dénatalité des nations d’Europe et d’une mentalité hédoniste qui fuit les responsabilités, pour mieux se disperser dans des satisfactions clinquantes et éphémères. Lors du voyage qu’il vient d’accomplir aux États-Unis, il a encore dénoncé « la colonisation idéologique » dans les pays en développement, de la part d’institutions qui veulent imposer leurs normes à des peuples qui les réprouvent. Et si le Pape a décidé de tenir ces deux synodes, c’est qu’il considérait que la fragilité du lien conjugal dans le monde contemporain constituait un défi à affronter.
Cependant, le consensus général se trouve entamé par des divergences sérieuses en ce qui concerne l’attitude à observer à l’égard des personnes divorcées-remariées et, dans une moindre mesure, des personnes homosexuelles. La miséricorde doit-elle ouvrir des chemins jusqu’ici interdits pour permettre l’accès aux sacrements à ceux qui en sont privés ? En même temps, on est bien obligé de constater que dans certains documents, à partir des situations d’exception, c’est la doctrine de l’Église qui se trouve récusée, avec des attaques directes contre l’enseignement de Jean-Paul II, pourtant défini par François comme « pape de la famille ». Nous aurons à revenir sur le fond du dossier dans les semaines à venir. Reste pour le moment à nous unir en une fervente intercession à l’Esprit Saint en faveur de l’heureux dénouement de ce qui est incontestablement une épreuve pour notre Église.