Quelle morale pour l’école ? - France Catholique
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Philippe de Champaigne : au service de Dieu et de la France
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Quelle morale pour l’école ?

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Vincent Peillon, ministre de l’Education nationale, veut réintroduire la morale dans l’enseignement pour la rentrée 2013. Il s’agirait d’une morale « laïque » tendant à « une construction du citoyen ». Le contenu précis de cette morale de cette morale serait élaboré par une commission. L’objectif est noble puisqu’il s’agit d’arracher la question aux « marchands » et aux « intégristes ».

Certains ont d’ores et déjà réagi en évoquant Robespierre, même si la « vertu » de ce dernier, qui impliquait le culte de l’ »Etre suprême », n’a finalement que peu à voir avec le laïcisme moderne censé concerner aussi bien les athées que les catholiques ou les musulmans. D’autres, comme Luc Châtel, ont crié au retour de Pétain lorsque Vincent Peillon, dans une interview, a évoqué un « redressement intellectuel et moral ». C’est de bonne guerre, même si l’ancien ministre UMP oublie un peu vite que l’expression peut exciper de solides références républicaines, à commencer par Ernest Renan, auteur, en 1871, de  » La réforme intellectuelle et morale ».

Le projet de Vincent Peillon est ambitieux puisque la morale qu’il veut enseigner concernera non seulement la connaissance des règles de la société, mais aussi des questions qui touchent à la philosophie comme le sens de l’existence humaine ou la définition d’une vie heureuse. Comment rendre cet ensemble acceptable à tous, quelles que soient leur religion ou leurs options philosophiques ? Nous ne sommes plus au temps de Jules Ferry, quand morale laïque et morale religieuse ne différaient pas fondamentalement. Quelle morale, à l’heure du village planétaire et de l’omniprésence d’Internet ?

Mais ce projet peut aussi inspirer de légitimes inquiétudes. Il y a cette phrase peu rassurante : « Pour donner la liberté du choix, il faut être capable d’arracher l’élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel, pour après faire un choix. » Quel sera le rôle de la famille dans cet enseignement qui s’arroge ainsi les prérogatives des parents ? L’école deviendra-t-elle une nouvelle Eglise ?

En fait, l’initiative de Vincent Peillon pose plus de problèmes qu’elle n’en résout. Placée entre les deux écueils, également redoutables d’une morale minimaliste, et le vieux cauchemar de la caserne universelle, elle risque de se fracasser sur les réalités, souvent peu glorieuses, de la société moderne.

On est en droit de le regretter.