Il y a quelques semaines, j’ai écrit un article intitulé « Se préparer à l’émergence de la justice », dans lequel j’observais que face à l’islam radical, à l’homosexualisme agressif, à la violence rampante, à la promiscuité, à la destruction de la famille et au sésastre économique, il y a aux Etats-Unis et en Europe une terrible flopée de gens ordinaires qui écument, sont terrifiés et écœurés.
Ce qu’il nous faudrait, ai-je suggéré, ce serait qu’émerge un chef fort et vertueux qui aurait la volonté de faire le ménage au nom de Dieu. Ce qu’il nous faudrait, ce serait un homme sérieux, apparemment chrétien, pour appeler à une croisade et les gens ordinaires se lèveraient et éliraient un tel homme au plan national, si pas international. Bien plus, ils feraient bon accueil à un pouvoir militaire fort et tolèreraient une police musclée.
J’ai reçu ce courriel en réponse :
Père, l’homme tel que vous le décrivez existe… Il s’appelle Vladimir Vladimirovitch Poutine, et bien que n’étant pas russe, je lui accorde mon soutien exactement pour les raisons que vous décrivez.
Je veux qu’il envahisse l’Europe, je fais bon accueil à l’essor russe parce que Notre-Dame a dit à Fatima que la Russie nous sauvera. Poutine sait que nous devrons nous battre durement contrre les islamistes. Il y a douze ans, un bateau battant pavillon russe a été arraisonné en Somalie. Les Russes ne se sont pas embarrassés de négociations, ils ont envoyé une escouade de Spetznaz, qui, après avoir pris d’assaut le navire, ont survolé la ville locale et l’ont incendié depuis un hélicoptère de combat. Les pirates savent maintenant qu’arraisonner un bateau battant pavillon russe est un aller simple pour aller expliquer leurs méfaits à saint Pierre et ils se tiennent à l’écart des navires russes.
Vive la Russie ! Puisse la troisième Rome sauver le trône de Saint Pierre. Que Dieu protège et convertisse le président Poutine, qu’il rende son nom béni sur toute la surface de la terre et qu’il ne le laisse pas tomber au pouvoir de ses ennemis.
Ma réponse a été celle-ci : Psaume 146, verset 6. pour mes lecteurs qui n’ont pas mémorisé la Bible à l’école du dimanche : « Ne mettez pas votre confiance dans des princes, qui n’ont pas le pouvoir de vous sauver. »
Qu’est ce que Vladimir Poutine pouvait bien avoir en tête face à un Otan et des Etats-Unis dirigés avec faiblesse ? La conquête de l’Ukraine bien sûr, mais avez-vous récemment regardé la carte du monde ?
Il suffirait d’une petite marche à travers les minuscules pays que sont la Georgie, l’Azerbaïjan, l’Arménie et la Turquie, et les forces russes entreraient au nord de l’Iraq. Poutine est déjà copain avec le régime syrien d’Assad à l’ouest. S’il se rapproche des musulmans chiites en Iraq et à Bagdad, il peut facilement dominer la zone et ses champs pétrolifères les plus grands du monde. Les terroristes tchétchènes sont sunnites, Poutine ne porte pas les sunnites dans son coeur.
Face à des Etats-Unis maintenant absents et non-interventionnistes, pourquoi Poutine ne déciderait-il pas de s’en prendre à l’Etat Islamique d’Iraq et de Syrie, et tant qu’il y est, de dominer l’Iraq ?
Tout Américain qui voit en Vladimir Poutine le sauveur du monde et de la papauté devrait se remettre à réfléchir et relire l’histoire. Les puissants de ce monde n’ont rien à faire du pape sauf s’il devient un pion. Les catholiques ne devraient pas s’imaginer qu’un sauveur viendra de Russie. Pas plus qu’ils ne devraient espérer un sauveur venant de leur propre pays. Le totalitarisme peut surgir aussi facilement de la droite que du camp des révolutionnaires, et aucun pays n’est immunisé. L’aigle américain pourrait tout aussi bien être l’étendard d’armées conquérantes que l’aigle romaine.
Les catholiques devraient plutôt se souvenir du psaume 146. Le croyant place sa confiance dans le royaume de Dieu, non dans les royaumes de ce monde. Nous n’avons pas à mettre notre confiance dans des princes, des présidents ou des premiers ministres. Nous cherchons une autre patrie dont l’architecte et le contructeur est Dieu. Les catholiques devraient s’investir en politique, si c’est leur vocation, et parfois, quand un mal clair et actuel apparaît dans le monde, les catholiques devraient entreprendre des efforts militaires pour le vaincre, mais ils ne devraient pas s’imaginer que le pouvoir qui s’établira après la victoire sera beaucoup meilleur, ni qu’ils apporteront une utopie catholique.
Le monde n’est pas notre patrie. Nous ne faisons que traverser cette vallée de larmes. Tant que nous sommes ici, nous sommes appelés à être dans le monde mais non pas du monde. Le catholique voit le plus grand tableau, toujours glanant ce qui est vrai et beau dans tout système politique ou économique et toujours critiquant ce qui est vénal, criminel, vain et corrompu.
Tous les hommes de pouvoir sont vains et corrompus parce que les honnêtes et les humbles ne sont pas ambitieux. Par conséquent, nous acceptons que nos chefs soient des hommes imparfaits et déficients, aux ambitions imparfaites et tortueuses. Nous sommes vigilants et en alerte car les loups sont partout. Nous sommes vigilants vis-à-vis de tous les acteurs politiques et de tous les hommes de pouvoir. Espérant toujours le bien mais nous attendant au pire.
La brebis devrait toujours être vigilante vis-à-vis des loups, et les dirigeants de ce monde sont invariablement des loups. Comme le jeune Pierre du conte musical, elle ne devrait pas jouer avec le loup ni espérer être sauvée par lui. L’histoire a montré que lorsque la papaué joue avec le pouvoir politique, cela se termine presque toujours dans les larmes, et souvent dans le sang.
illustration : Poutine peut batifoler dans l’eau, mais non marcher dessus.
source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/putin-peter-and-the-wolf.html
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- Vous avez dit « violence catholique » ?
- LA « MODERNITÉ » : UN CENTENAIRE OUBLIÉ
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI
- La République laïque et la prévention de l’enrôlement des jeunes par l’État islamique - sommes-nous démunis ? Plaidoyer pour une laïcité distincte