Pie XI et la menace totalitaire - France Catholique
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Pie XI et la menace totalitaire

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Un consensus est apparu parmi les historiens qui ont examiné les documents d’archives du Vatican accessibles depuis peu et couvrant la période 1920 – 1930: le Pape Pie XI et son plus proche collaborateur, Secrétaire d’État, S.E. Eugenio Pacelli (devenu Pie XII), ne sont pas restés inertes dans un fauteuil alors que le totalitarisme prenait de l’essor. Ce qui, évidemment, réfute les critiques longuement entretenues sur ces deux personnages et sur l’Église.

Par exemple, dans son ouvrage « Hitler, Mussolini et le Vatican » l’historienne Emma Fattorini déclare que Pie XI ne tolérait pas le totalitarisme, convaincu que l’Europe vivait une « crise de civilisation qui n’aurait de solution que par le Catholicisme, par un retour aux racines chrétiennes de la civilisation occidentale.» Les archives révèlent également que le Saint Père défendait les Juifs constamment et vigoureusement, disant qu’ils partageaient avec les Chrétiens une origine commune. « Nous sommes tous Sémites par l’esprit.» , fameuse déclaration du Pape.

Achille Ratti, le Pape Pie XI, est né en 1857 au pied des Alpes. Brillant étudiant et fervent alpiniste, il fut ordonné à l’âge de 22 ans, puis poursuivit ses études à l’Université Grégorienne, recevant les doctorats ès Droit Canon, ès Philosophie et ès Théologie.

Les quarante années suivantes se passèrent tranquillement en enseignement, en recherche, et en service de vice-préfet à la Bibliothèque Vaticane. Après avoir rédigé une monographie sur l’Histoire de la Pologne, il fut nommé Nonce en Pologne à l’âge de 61 ans, et consacré évêque en 1919. Il procéda au tracé des limites de diocèses en Pologne, et négocia un concordat avec l’État Polonais nouvellement créé.

Pendant l’invasion dirigée par le communiste radical Léon Trotsky, il participa aux tâches humanitaires à Varsovie. Le Nonce demeura dans la cité assiégée, qui fut libérée par l’Armée polonaise sous le commandement du Général Pilsudski le 15 août 1920.

Rappelé à Rome en juin 1921, Achille Ratti fut nommé Cardinal-Archevêque de Milan. Sept mois plus tard, il était élu pape au quatorzième tour de scrutin, successeur de Benoit XV. Prenant le nom de Pie en raison de son désir « de consacrer [ses] efforts à la paix dans le monde », il fut le premier Pontife depuis 1870 à apparaître au balcon de Saint Pierre pour donner la bénédiction « Urbi et Orbi ».

Lors de ses premières années de popntificat, Pie XI surveilla avec attention la montée des régimes matérialistes totalitaires en Italie, en Allemagne et en Russie. Le mot « totalitario », (totalitaire), fut officialisé par le Duce Benito Mussolini qui déclarait: « Rien hors ou au-dessus de l’État, rien contre l’État, tout pout l’État.» Le fascisme rejetait la loi naturelle, proclamant que les droits sont accordés par l’État, et non par Dieu. L’État dominait les simples citoyens, étant « la conscience immanente de la Nation ».

Le futur allié de Mussolini, Adolf Hitler, rejetait également la loi naturelle, avançant le principe de la « supérioté raciale par le sang et le sol ». Toutes les races étaient inférieures à la race aryenne. Le principe totalitaire de Hitler tenait en ces termes: « l’État est l’expression vitale, la volonté vivante de la conscience nationale.» En tant que Führer, il exprimait la volonté du peuple, et donc avait le pouvoir absolu, tous devaient se soumettre à tous les décrets qu’il signait.

En Russie le pouvoir était aux mains du tout-puissant parti. Le parti communiste justifiait la destruction de l’ancienne société en vue de perpétuer un état lmonolithique totalitaire.

Pie XI avait « du caractère ». Un jour, les propos d’un archevêque européen l’agacèrent, il jaillit du trône papal et prit le coupable par la barbe. Se sachant têtu et impétueux, il s’appuyait sur le Cardinal Pacelli, qui fut nommé Secrétaire d’État en 1930.

Emma Fattorini rapporte: « ils étaient unis par une sorte de complémentarité qui les rendait indispensables l’un à l’autre. Comme si le pape savait qu’il pouvait donner libre cours à ses pulsions en public, Pacelli étant ensuite capable de réparer les dégats.»

Au cours des années 1930, Pie XI fut le champion de la liberté catholique et condamna les états totalitaires comme « anti-Chrétiens » et « inhumains ». Dans l’Encyclique « Non Abbiamo Bisogno » [29 juin 1931], il condamne le fascisme: « Nous sommes heureux et fiers de mener le juste combat pour la liberté de conscience.» En 1937, l’Encyclique Mit Brennender Sorge [Avec une brûlante inquiétude] fut une gifle du dos de la main donnée par le Pape aux nazis:

« Seuls des esprits superficiels peuvent s’aventurer dans les concepts d’un dieu national, ou d’une religion nationale, ou tenter d’enfermer Dieu dans les frontières d’un seul peuple, dans les limites étroites d’une seule race, ce Dieu, Créateur de l’Univers, Roi et législateur de toutes nations, et eux qui ne sont qu’une goutte dans un seau devant Son immense grandeur.»

Dans l’Encyclique « Divini Redemptoris » [mars 1937] Pie XI invitait les fidèles à ne pas adhérer aux revendications de l’idéologie communiste: « le communisme est intrinsèquement mauvais, et nul désirant sauver la civilisation chrétienne ne peut collaborer avec lui en quoi que ce soit.»

Pie XI condamna l’invasion de l’Éthiopie par Mussolini (1935 – 1936) comme une « injuste guerre de conquête ». Il fustigea publiquement le Cardinal de Vienne, S.E. Innitzer pour avoir approuvé l’Anschluss en Mars 1938. Le lendemain de la publication du décret de Mussolini expulsant les élèves juifs des écoles publiques, le 6 septembre 1938, le Pape disait à une équipe de Radio catholique Belge: « écoutez bien, Abraham est notre Patriarche, notre ancêtre. . . . .[l’Anti-sémitisme] est un mouvement de haine que les Chrétiens ne doivent pas approcher. . . . .Par le Christ, nous sommes les descendants d’Abraham. . . . . Nous sommes tous Sémites par l’esprit.»

Pendant la guerre d’Espagne (1936 – 1939), il condamna la brutalité des troupes de Franco comme des loyalistes. Après la victoire des Nationalistes en 1939, Franco et Hitler négociant des accords de coopération, le Saint Père mit les choses au point avec le dirigeant Espagnol: il réprouvait l’accord culturel car « d’évidence la porte s’ouvrait à la propagande idéologique des nazis, pleine d’un esprit païen, dans un pays aussi profondément Catholique que l’Espagne.» Cédant à la mise en garde du Pape, Franco ne donna pas suite.

Jusqu’à sa mort (10 février 1939), Pie XI combattit la menace totalitaire car il savait, comme l’écrit Emma Fattorini, « qu’elle représentait l’aboutissement des pulsions issues de la révolution française, selon lesquelles l’homme peut vivre sans Dieu.»

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http://www.thecatholicthing.org/columns/2012/pius-xi-and-the-totalitarian-menace.html