Modernes contre fossiles ? - France Catholique
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Modernes contre fossiles ?

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Qu’a dit madame Taubira aux parlementaires qui débattent depuis hier sur le « mariage pour tous » ? Ceci, qui est admirable : qu’elle mène le combat des modernes contre les réactionnaires (je donne le sens, non le mot à mot, que ma mémoire s’est refusé à retenir).

Je vais faire comme si je m’adressais à elle, virtuellement, pour tenter l’impossible, la convaincre.

« Non, madame, il ne suffit pas d’une référence littéraire, d’une citation déviée pour croire nous avoir cloué le bec ! Vous avez infiniment tort de croire être du bon côté de la ligne de front : il ne s’agit pas en effet d’un affrontement entre anciens (ou fossiles) et modernes dont vous seriez, bien entendu, la courageuse porte-voix, mais le combat toujours à reprendre entre la raison et la déraison. La compassion et la prétention.

» Ce dernier mot semble-t-il exagéré ? Je ne le crois pas : plutôt trop faible. Quelle prétention plus insupportable que de croire que vous allez instaurer, pour la première fois dans toute l’Histoire de la famille institutionnelle française, cette « égalité » de rêve, mot qui enfle votre bouche comme en une invocation idolâtre, mot-crédo mis à toutes les sauces des interprétations les plus hasardées ? Conviction qui vous paraît ne pouvoir être contredite à moins d’être un sot – que je dois donc être – un irréfléchi, un indocte comme dirait notre cher Molière !

» La compassion véritable est du côté de ceux qui plaident, non pour satisfaire quelques milliers d’homos, mais pour défendre la cause d’enfants traités par la loi en projet comme de simples objets de désirs : ce que recouvre l’expression très osée de « droit à l’enfant ». Le binôme « père et mère » n’a aucunement un droit à l’enfant, il n’a que celui de l’accueillir avec amour comme on accueille un invité. Le concept de « droit à l’enfant » ressemble à celui du « droit au logement », du « droit au travail ». L’enfant est au-dessus de ces droits, si estimables soient-ils. L’enfant ne saurait être « l’objet » d’aucune manipulation à caractère institutionnel : nous considérons cette déviance légale comme une abomination – absolument pas un progrès, ni même une avancée dans le bon sens de la modernité – mais comme une misère ontologique.

» La déraison accompagne ceux qui accepte que les fonctionnalités du corps soient détournées et que, pour exprimer un amour entre deux êtres on puisse penser convenable de se servir d’organes en rien dédiés à cette fonction du corps de rendre témoignage à l’amour, qui est avant tout une dilection de deux esprits, un choix privilégié entre deux âmes.

» Dans le couple tel qu’il a été compris dès l’origine – même si les premiers humains ont mis beaucoup de temps pour entrevoir cet essentiel – la distinction des sexes a trouvé sa justification la plus profonde dans la vocation distincte de chacun : et l’organe qui délivre la semence s’avance vers celui qui l’accueille, tous deux distincts très précisément de ceux qui ont pour mission de délivrer le corps de ce qui est devenu inutile. Qu’un certain plaisir accompagne l’opération n’est là que pour favoriser cette rencontre sans laquelle les êtres humains n’existeraient plus : que les amants mettent ce plaisir au-dessus de la vocation des corps, cela s’entend même si cela est source d’une infinité de mécomptes dont la Sécurité sociale subit les conséquences et donc les contribuables avant elle : mais mon propos n’est pas de développer ce point d’une trivialité qui devrait vous sembler des plus importunes. Je sais n’apprécier que trop les parenthèses…

» Ce qui, par contre, doit être dit c’est qu’il convient de s’interdire de manipuler la nature humaine ; de biaiser cette nature, de la contrer, de rendre réceptacle de la semence un organe qui n’est en rien destiné à cet office. Je plaide ici pour distinguer résolument, doctrinalement si j’ose l’écrire, entre homosexualité et pédérastie.

» La société se doit d’être compatissante vis-à-vis des homosexuels, non complaisante à leurs pratiques sexuelles. Or, c’est bien de cette pratique qu’il est question dans la loi nouvelle : j’en ai vu la preuve en voyant des photos transmises sur l’Araignée. Des panneaux étaient hissés par des manifestants du 27 janvier sur lesquels étaient écrit : « Nous on baise » etc..

» Ce verbe « baiser » est détourné, bien entendu, comme l’acte : la société n’a pas d’autre devoir vis-à-vis des citoyens que de les informer convenablement des risques de telles ou telles façons de ses comporter. Elle n’a pas à supporter les conséquences de ces comportements quand ceux-ci sont, d’avance, porteurs de risques graves et connus. J’excepte bien entendu le cas des maladies diverses liées à l’abus comme au dérèglement des activités sexuelles : je vise ici le détournement envisagé par le couloir des LGBT sur la « façon » de faire venir au monde les enfants.

» Il est insensé de vouloir « normaliser » la procréation par des moyens artificiels afin de permettre à ceux qui refusent la conception naturelle « d’obtenir » un enfant comme on obtient un bien matériel. Déraisonnable. De quoi déclencher chez nombre de ces futurs enfants une horreur légitime de la sexualité, alors uniquement réservée à l’obtention d’un plaisir répétitif qui n’a aucun besoin d’être légitimé par une loi.

» Il faut peser les mots : c’est attenter à la dignité de chaque être humain, y compris donc à celle de chaque homo, que de reconnaître cette spécialisation de la sexualité, qui caractérise notre nature sans pour autant en effacer ses spécificités spirituelles. La partie évaluée dévalue le tout.

» Il sera répondu que les ventres des femmes demeureront fécond puisque inséminés par un spécialiste… Quelle horreur ! Il y aura donc un donneur à jamais caché, à l’identité à jamais rejetée, dont la semence fera pourtant de lui, invisiblement, secrètement, le père alors que la mère biologique aurait pu, tout à fait naturellement concevoir son enfant selon l’opération habituelle chez les couples ordinaires. Ne pas apercevoir que ce recours systématique à ce qui se pratique chez éleveurs d’animaux a de choquant pour l’esprit c’est peut-être démontrer que l’on n’a plus pour l’âme1 le respect qui lui est dû, la dignité qui est sienne et qui fait l’essentiel de la dignité de l’être humain. »

J’en resterai là pour aujourd’hui. Je reste effaré, scandalisé par l’outrecuidance des promoteurs inconscients de ce bouleversement de civilisation, que je considère comme un retour à la préhistoire, au temps des balbutiements initiaux, desquels sortirent, plus tard, des Homère et des Aristote, des Pascal et des Rimbaud. Comme bien d’autres qui ne déméritèrent point de ces ancêtres.

Madame Taubira aura bien des progrès à faire avant de nous les faire oublier. « Homère est plus vivant ce matin que mon journal d’hier », a écrit Charles Péguy.

  1. L’âme : étonnante organisatrice intelligente, qui porte en elle la forme même de tout ce qui fait être notre corps et lui permet de rester ce qu’il est au fur et à mesure que meurent nos cellules, remplacées par d’autres de mêmes fonctions. Elle est au travail au sein de l’œuf initial, merveille qui faisait l’admiration du Professeur Lejeune : sans elle, cet œuf n’existerait tout simplement pas. Et quand meurt le corps, il se dissout tandis que l’âme, comme mise au repos, porte en elle cette forme à jamais unique.