Lynchage d'un cardinal - France Catholique
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Lynchage d’un cardinal

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La presse et les réseaux sociaux prennent en ce moment pour cible le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, pour non-accusation de faits de pédophilie de la part d’un prêtre lyonnais. Il faut reconnaître bien sûr qu’en pareille matière il convient d’être particulièrement rigoureux et qu’il est hors de question, sous le prétexte fallacieux de défendre l’Église, d’atténuer la gravité des faits et les responsabilités encourues. Mais dans le cas présent, il me semble que la présentation de l’histoire douloureuse de ce prêtre lyonnais accusé d’agressions sexuelles souffre de graves défauts. Quand on expose une affaire de cette nature, il y a une déontologie élémentaire de l’information qui me semble ici manquer. Le cardinal Barbarin est accusé de ne pas avoir exercé sa doctrine de la tolérance zéro à propos de faits anciens et pour la plupart prescrits. Mais si certaines victimes n’avaient pas attendu si longtemps, l’affaire aurait pris un tout autre tour.

Je connais très bien, personnellement, le cardinal Barbarin, pour l’avoir rencontré lorsque jeune prêtre, il exerçait son ministère auprès des lycéens à Saint-Maur-des-Fossés. Je sais son extrême rigueur dans un domaine où il n’a jamais transigé. Par deux fois, à Lyon, alors qu’il était mis au courant de faits de pédophilie de la part de prêtres, il a suspendu immédiatement ces prêtres, désormais interdits de ministère. Dans le cas actuel, celui du père Preynat, les faits se sont déroulés dix ans avant qu’il n’arrive à Lyon. Ce n’est que par des tiers qu’il a été tardivement (en 2008) prévenu qu’il y avait une affaire Preynat. S’étant renseigné pour savoir si ce prêtre avait récidivé depuis 1991, il apparaît que rien n’avait pu lui être reproché depuis lors. Si le cardinal ne se décide qu’en 2015 à suspendre le père Preynat c’est qu’il a enfin rencontré une victime qui a décidé elle-même de porter plainte.

Les procureurs qui s’acharnent en ce moment contre l’archevêque de Lyon, qu’ils aimeraient voir comparaître devant un tribunal sont-ils inspirés par une juste colère ou ont-ils trouvé l’opportunité de désigner un bouc émissaire à l’opinion publique ? En ce qui me concerne, ma confiance à l’égard du cardinal, de sa rigueur et de sa loyauté, reste entière.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 16 février 2016.