Ouvrage collectif dirigé par Nicole Pietri et Jacques Valette. Les guerres du général Gambiez. Esprit du Livre, 2009, 215 pages, 22 €.
Cet ouvrage réunit les textes de dix historiens invités à participer en 2003 à un colloque qui n’a pu avoir lieu. Il suit pas à pas la carrière de Fernand Gambiez, Saint-Cyrien de 1925, ayant combattu sur tous les théâtres de 1933 jusqu’en 1961, où il fut Commandant en chef en Algérie.
Le commandant Gambiez, ayant rejoint l’Afrique du Nord par l’Espagne, fut chargé de former et de commander le Bataillon de choc destiné à aider la Résistance, et qui se distingua en Corse et à l’Ile d’Elbe ; il fit quelques incursions en Italie avant de débarquer à Cavalaire et de participer à la Libération et à la campagne d’Allemagne. La Brigade de choc créée en novembre 1944 donna naissance en 1946 au 11ème Choc (Paul Gaujac).
Colonel en 1950-52, Gambiez insuffle l’esprit choc aux troupes du Nord-Tonkin avant d’y revenir comme général et chef d’état-major du Commandant en Chef en 1953-55. Il est alors chargé des évêchés catholiques, longtemps antifrançais avant de se révéler anti-communistes. Il s’implique personnellement dans le transfert de 860.000 réfugiés au Sud–Vietnam et acquiert la réputation d’un Bon Samaritain (F.Latour). Il aura moins de réussite avec les Sectes (Caodaïstes, Hoa Hao et Bin Xuyen), qui après avoir lutté contre le Vietminh sont éliminées par le Président Diem (D.Domergue-Cloarec).
De 1955 à 1957, il commande la 11ème DI en Tunisie, où il constate la collusion entre les Tunisiens et les rebelles algériens, dont il s’efforce d’interdire l’installation. Devenu Commandant supérieur, il gére avec sang-froid les blocages de route par des militants tunisiens, créant les conditions d’un dégagement militaire apprécié à Paris (J.Valette).
Guy Pervillé montre comment le Commandant de Corps d’armée achève la pacification de l’Oranie initiée par le plan Challe ; Gambiez interdit tous sévices contre les personnes, mais exprime des doutes sur la perspective de l’autodétermination. Nommé Commandant en chef en 1961, il est surpris par le putsch, bousculé par un lieutenant et interné à In Salah. Dans sa déposition au Tribunal militaire, il reconnaît que le mouvement insurrectionnel répondait au sentiment d’une grande partie de l’armée, qui n’approuvait pas la politique algérienne du gouvernement (M.Faivre).
Jusqu’à sa mort en 1989, les années de retraite du général Gambiez sont occupées par les présidences – de la Commission Armée-Jeunesse, où il préconise le rattrapage scolaire des soldats appelés (N.Pietri) – de la Commission française, et par interim, de la Commission internationale d’Histoire militaire, dont l’historique est clairement exposé par le professeur Corvisier.
Ce survol chronologique ne rend pas compte d’une biographie très riche, qui nous fait découvrir les qualités d’une personnalité complexe, ainsi que certaines particularités inédites des engagements de l’armée française, en Corse, en Indochine et en Afrique du Nord.
Maurice Faivre, le 2 avril 2009