Le scandale de Malines - France Catholique
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Le scandale de Malines

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Si Benoît XVI a jugé bon d’affirmer sa solidarité avec l’épiscopat belge après la perquisition effectuée au palais du primat de Belgique à Malines, c’est que les circonstances et les méthodes employées sont surprenantes, voire inquiétantes. Tout un épiscopat immobilisé pendant neuf heures après que les téléphones portables et les papiers eurent été saisis, la violation des sépultures de deux figures historiques (les cardinaux Van Roey et Suenens), l’ancien archevêque, le cardinal Danneels, humilié par une longue attente dans la rue, tous ces faits sont d’une extrême gravité, même si les autorités belges se prévalent d’une enquête sur les agressions pédophiles de la part du clergé. L’Église de Belgique n’a pas voulu jusqu’ici trop hausser le ton, même si Mgr Léonard a évoqué le scénario du Da Vinci Code. N’était-il pas possible à la justice et à la police de mener leur enquête en s’abstenant d’un tel spectacle, dont la presse semble avoir été préalablement informée et dont on sent mal, sauf énorme surprise à venir, la pertinence judiciaire ?

Depuis l’affaire Dutroux, la Belgique est sans doute traumatisée par le drame de la pédophilie avec la mise en cause de toute sa classe dirigeante et le désarroi qui affecte les grandes institutions. Ce peut être l’une des causes de cette démesure à l’encontre de l’épiscopat. Mais on s’interroge sur le caractère dévastateur d’une telle agression. Ce n’est pas en « déshonorant » l’Église catholique qu’on rétablira la confiance et que l’on viendra en aide à l’enfance maltraitée. Bien au contraire, un processus de défiance généralisée risque de s’enclencher qui peut plonger une société entière dans un climat nihiliste. Plus rien ne vaut, tout est pourri. Lorsqu’un symbole aussi fort que l’intégrité d’une sépulture nationale est violentée, c’est la conscience d’un peuple qui se disloque.

Les juges ont à remplir leur mission sans défaillance. Mais est-ce en s’accordant de telles licences qu’ils y parviendront ? Par ailleurs, même s’il est infiniment délicat de faire le partage entre ce qui relève de la juste autonomie de l’Église et ce qui revient à l’enquête policière, on s’inquiète aussi de la transgression de la confidentialité des requêtes que nombre de victimes avaient confiées à la commission Adriaenssens. Cette dernière, dirigée par un pédopsychiatre, était en charge de l’accueil des confidences des personnes agressées, qui désiraient d’abord recourir à l’Église. S’il n’y a plus de domaine préservé, il n’y a plus de liberté, ni de sécurité pour l’intimité. On comprend que l’on s’en inquiète du côté de la fondation européenne Child Focus, créée au service de l’enfance après l’affaire Dutroux. Brutalité et respect des victimes sont des notions antinomiques.