En 2012, pour son commentaire de la Constitution italienne Benigni avait obtenu une audience de 43,94 %, avec plus de 12,6 millions de téléspectateurs. Un succès qui ne s’est pas démenti pour son commentaire de l’hymne national italien : l’hymne de Mameli.
Et après son magistral Dante, Benigni a plongé son public, cette fois, dans l’univers de Moïse et de Jésus. Passionnant Exode. Surprenant. Pas un commentaire des articles du Catéchisme de l’Église catholique. Mais, dès le premier soir, il annonçait la couleur « mystique » : « Si Dieu n’est pas arrivé, je ne commence pas. » Puis : « Ce soir nous devons croire en Dieu. »
Une morale du bonheur. Une exhortation à la vie et à l’amour. Il fait remarquer que le Décalogue commence par « Je suis le Seigneur ton Dieu », et s’achève par « ton prochain ». On attend la conclusion de Matthieu 25. Mais il conclut, prenant son auditoire à contre-pied : « Dieu est mon prochain ».
Sans cesse en dialogue avec l’actualité. Le soin des parents âgés : « Tu honoreras ton père et ta mère ». Les scandales de la corruption, qui violent le « Tu ne voleras pas » ! Les guerres et la peine de mort, au crible de « Tu ne tueras pas ». Il souligne l’urgence : « il faut se hâter d’aimer ». Et « nous n’avons pas encore choisi » de ne pas faire la guerre. Ce que Dieu a le plus en horreur ? La fausseté : commentaire de « Tu ne porteras pas de faux témoignage ». Ou les esclavages : voler, c’est aussi voler la liberté, voler l’âme. Les esclavages modernes, aujourd’hui interdits par la loi mais « pires » que les anciens esclavages. Il cite le Talmud sur la femme : « Ne fais pas pleurer une femme, Dieu compte ses larmes. »
Benigni n’est jamais aussi lumineux que lorsqu’il parle d’amour. Pourquoi le commandement de ne pas commettre d’adultère? « Pour protéger l’amour ! L’amour a tellement besoin d’être protégé ! » Et puis la meilleure façon de protéger l’amour ? C’est la fidélité. Comme la fidélité de Dieu, une alliance qu’il tient au long des siècles sans se lasser : « Je suis celui qui Suis », donc, je serai là toujours pour toi. Ovation debout. Rappels.
Les Dix Paroles n’avaient peut-être jamais été applaudies par tant de personnes, croyants et non-croyants, comme le grand Code pour la paix, hymne à la liberté.
Contre-sens, la seconde partie de la soirée, avec la très sérieuse émission « Porta a Porta », est tombée dans le déterminisme, le fatalisme, la manipulation mercantile des horoscopes. Benigni commentera peut-être un jour l’épisode où le prophète Daniel confond les faux prophètes idolâtres de l’astrologie.
Mais en tous cas, au lendemain de sa première, Benigni raconte : on m’a arrêté dans la rue, non pour une photo ou un autographe, mais quelqu’un voulait se confesser, un autre le baptême…
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Dix millions d’Italiens devant les « Dix commandements » de Benigni
http://www.lexpress.fr/actualites/1/culture/dix-millions-d-italiens-devant-les-dix-commandements-de-benigni_1633545.html