La revue Études des pères jésuites de France publie, en même temps que toutes les revues culturelles de la Compagnie de Jésus dans le monde, le texte d’un très long entretien avec le pape François. Ce texte est le résultat de trois rencontres que le père Antonio Spadaro, directeur de la célèbre revue Civiltà Cattolica a eues avec le Saint-Père, les 19, 23 et 29 août derniers. J’en conseille la lecture à tous, tant il est riche de contenu et nous permet de comprendre la personnalité de celui qui, à la surprise générale, a pris la succession de Benoît XVI. On pourrait parler d’un texte intimiste, tant l’intéressé se prête à un questionnement qui concerne ses ressorts les plus profonds. Nous autres Français serons évidemment sensibles aux liens spirituels et culturels que ce pape venu d’au-delà de l’océan a contractés avec notre propre culture. Il dit son admiration pour la grande figure d’Henri de Lubac ainsi que l’attention qu’il a portée aux travaux de Michel de Certeau sur quelques représentants de la mystique jésuite, qui appartiennent au Grand Siècle : Surin, Lallemant… Nous savions que le jeune Bergoglio avait lu Léon Bloy, mais nous ignorions qu’il avait lu aussi avec passion l’écrivain catholique Joseph Malègue, auteur d’un roman magnifique, Augustin, ou le maître est là.
Il y a tant de choses passionnantes dans ces trente pages d’entretien qu’il m’est impossible de les résumer ici, notamment sur les ouvertures de François en littérature universelle, en peinture, en musique et même en cinéma. Mais voilà, l’intérêt des médias s’est concentré sur quelques pages dont le contenu a été d’ailleurs complètement déformé. Peut-être y reviendrai-je, parce qu’on a affaire à une véritable escroquerie intellectuelle. Vouloir opposer le pape François à ses prédécesseurs Jean-Paul II et Benoît XVI, relève soit d’une intention perverse soit d’une incompréhension vraiment rédhibitoire. C’est pourquoi je ne puis que réitérer mon conseil : lisez au plus vite cet entretien et ne vous laissez pas impressionner par des gloses malhonnêtes.